Prédire le risque de récidive d’un cancer, à partir d’une simple prise de sang. La promesse peut sembler trop belle. Et pourtant, trois équipes françaises planchent sur ce projet. Composé de chercheurs du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), de l’université Paris-Diderot et de médecins de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP), le groupe a mis au point un test sanguin capable d’anticiper l’issue d’un cancer de la vessie à partir de deux marqueurs.
Pour définir ces biomarqueurs, les praticiens ont profilé les tumeurs de 100 patients parisiens. Ils ont constaté qu’un antigène, habituellement exprimé lors de la grossesse, est aussi présent à la surface des cellules tumorales : HLA-G.
En temps normal, HLA-G permet de modérer l’action du système immunitaire. Lors d’une grossesse, par exemple, cette molécule évite que le fœtus ne soit reconnu comme un corps étranger et soit attaqué par les cellules immunitaires de la mère. Mais dans le cancer, cette réaction s’avère contre-productive.
Les lymphocytes perturbés
En inhibant les défenses immunitaires, HLA-G empêche la destruction de la tumeur. La molécule sert de bouclier. Et le cancer peut se développer. Selon les résultats sanguins, il serait donc possible d’anticiper la vitesse à laquelle la maladie va progresser.
Mais HLA-G n’est pas la seule fonction à être perturbée par la présence d’une tumeur. Certains lymphocytes aussi. Les cellules CD8 sont normalement chargées de détruire les cellules cancéreuses. Mais certaines d’entre elles expriment un récepteur (ILT2) qui, lorsqu’il est activé, bloque l’arrivée de nouveaux lymphocytes CD8. Les tumeurs peuvent en tirer profit.
Double pronostic
Les Français se sont appuyés sur ces deux perturbations pour développer leur test sanguin. En effet, la part de cellules CD8+/ILT2+ permet de prédire le risque de récidive. Chez les patients dont le taux de lymphocytes porteurs d’ILT2 est supérieur à 40 %, la probabilité d’une rechute est importante. A l’inverse, si le taux est inférieur à 20 %, ce risque est jugé faible.
S’il est mis sur le marché, et breveté, ce test sanguin aura le potentiel de remplir une double fonction. Un élément très utile pour les équipes médicales, qui pourront alors adapter la prise en charge du patient. Le tout à l’aide d’une méthode peu invasive. Pour rappel, le cancer de la vessie touchait, en 2015, plus de 12 000 Français et en a tué près de 5 000.