Le gouvernement marche sur des œufs avec les médecins libéraux. La mise en place du tiers payant généralisé pourrait, en effet, lui attirer les foudres des syndicats médicaux. Ils avaient dénoncé ce dispositif sous le précédent quinquennat et le rappellent aujourd'hui.
Le 11 juillet dernier, au micro de France Inter, Agnès Buzyn a confirmé que le tiers payant - déjà appliqué aux femmes enceintes, patients en affection longue durée ou bénéficiaires de la CMU ou l’AME - serait bien généralisé à toute la population. « C’est une question d’équité et d’accès aux soins », a-t-elle déclaré.
Quelques jours plus tôt, la ministre de la Santé avait pourtant sembler indiquer que le tiers payant était suspendu le temps de trouver le meilleur modèle. Interrogée par Le Généraliste, elle avait expliqué que l'avancée vers un tiers payant généralisable dépend du système proposé aux médecins. « Si ce n’est pas fonctionnel, nous retarderons le processus. Les professionnels de santé y adhéreront si c’est simple. Et cela n’aura pas vocation à être obligatoire », avait-elle déclaré.
Pour le moment, le ministère de la Santé n'a fixé aucun calendrier. Il attend les rapports de l’Igas qui devrait être remis en septembre et celui de l’Assurance maladie. Ils doivent conclure sur la faisabilité technique d’une telle mesure. Pourtant, le jeudi 13 juillet, Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, a confirmé que le tiers payant serait bien généralisé pour la partie remboursée par l’Assurance maladie de base au 1er décembre prochain, comme le prévoit la loi de Santé.
Opposition des syndicats
Des déclarations divergentes qui ne rassurent pas les centrales syndicales qui pensaient que ce tiers payant généralisé serait enterré. La principale, la CSMF, dénonce « le double discours » de la ministre de la Santé et martèle leur volonté de voir le tiers payant tout simplement supprimé.
MG France a également manifesté aussi, son opposition. Tout comme le CSMF, le SML ou la FMF, le syndicat de généralistes martèle que le tiers payant entraînera « une surcharge administrative » en raison de la « complexité » du système actuel.
Consciente du trouble que le dispositif peut générer chez les professionnels, Agnès Buzyn assure vouloir mettre en place un modèle simple et pratique. « Nous souhaitons que les médecins trouvent une facilité dans ce tiers payant, nous avons besoin de leur donner du temps médical plutôt que du temps administratif », a-t-elle martelé sur France Inter.
Le SML, lui aussi opposé à cette mesure, se dit toutefois ouvert à d’autres systèmes de dispenses d’avance de frais qui pourraient être mis en place par les médecins sur la base du volontariat « pour soutenir les patients les plus modestes et pour les soins les plus coûteux ». Le syndicat espère pouvoir se faire entendre par l’Igas.
Et si leurs voix ne sont pas entendues, certains syndicats préviennent déjà qu’un mouvement de grève illimitée pour être lancé en décembre.