Un simple échantillon de salive suffira bientôt pour dépister une hépatite E. C’est la promesse de l’Ecole de santé publique de l’université Johns-Hopkins (Etats-Unis). Ses chercheurs sont à l’origine d’un test salivaire qui permet de repérer le virus. D’après leur première étude, publiée dans le Journal of Immunological Methods, ce système est presque aussi efficace que le test sanguin classique.
Le test salivaire mis au point aux Etats-Unis s’appuie sur un système différent de ceux analysant des échantillons de sang. Dans les deux cas, des antigènes permettent de détecter les anticorps associés à l’infection virale. Mais au lieu d’être attachés à une surface solide, ils sont reliés à des microbilles fluorescentes.
Un test au Bangladesh
Cette circulation accrue permet, sur le papier, de rencontrer davantage d’anticorps dans un liquide comme la salive. Encore fallait-il le confirmer en pratique. Pour cela, les scientifiques ont collaboré avec des médecins d’un centre de Dacca (Bangladesh), souvent sollicité pour des hépatites E.
141 patients ont fourni des échantillons de sang et de salive. Parmi eux, 76 consultaient à cause de symptômes évoquant une hépatite E. Les autres avaient été dirigés vers l’établissement pour d’autres raisons. Les liquides biologiques de tous ces participants ont été examinés à la fois avec un test sanguin, utilisant la méthode ELISA, et le test salivaire.
A l’issue des expériences, l’efficacité des deux approches est très similaire. La technique ELISA a permis de détecter 50 infections passées d’hépatite E et 17 cas en cours. Au sein du groupe asymptomatique, 28 contaminations passées ont aussi été signalées. Le test salivaire fait presque aussi bien. Il ne commet d’erreur que sur deux infections passées et quatre infections en cours.
Les sanitaires inadaptés
Si les résultats se confirment, une vraie alternative aux prises de sang s’esquisse. Car à l’heure actuelle, seules deux méthodes permettent de diagnostiquer une infection par le virus de l’hépatite E : un examen sanguin ou un test des excréments – qui recherche du matériel génétique.
Mais ces approches posent problème dans les pays où l’accès aux soins est difficile. Ce qui est justement le cas des zones les plus touchées par l’hépatite E. Inde, Pakistan, Népal, Bangladesh et certaines régions d’Afrique concentrent la majorité des diagnostics.
La première cause des cas réside dans la mauvaise mise en œuvre des sanitaires. Mal – voire pas – isolés du système d’eau potable, souillée par des matières fécales contaminées. Si, la plupart du temps, l’infection se résorbe spontanément, 56 000 décès surviennent chaque année. Les femmes sont particulièrement vulnérables, puisque le taux de mortalité s’élève à 30 %.
Moins de logistique
Repérer rapidement les cas d’hépatite E s’avère donc essentiel. Or, « la surveillance des épidémies et la réduction des taux de contamination par l’hépatite E sont limitées par les obstacles qui se posent au diagnostic », souligne Christopher Heaney, dernier auteur de l’étude. Proposer un dispositif simplifié pourrait lever certaines des limites.
Contrairement au test sanguin, son alternative salivaire ne nécessite pas de personnel formé au maniement des liquides biologiques, de protection des échantillons vis-à-vis de la chaleur ou encore l’outillage nécessaire à l’élimination des seringues usagées. De quoi simplifier considérablement la logistique. Reste à développer un dispositif suffisamment simple pour un déploiement sur le terrain.