Les buralistes ne veulent pas du paquet de cigarettes à 10 euros. Et ils ont décidé de le faire entendre. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, ils ont frappé le gouvernement au porte-monnaie. 430 radars automatiques ont été bâchés dans le cadre d’une action coordonnée. Un « tir de sommation » à l’égard d’une mesure qu’ils jugent inadaptée et dangereuse pour leur profession.
C’était une promesse d’Emmanuel Macron, confirmée par son Premier ministre lors de son discours de politique générale. Progressivement, le paquet de cigarette sera élevé à 10 euros. C’est, en effet, l’une des rares dispositions dont l’efficacité est reconnue.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’une hausse de 10 % du paquet fait baisser la consommation de 4 %, et même de 8 % chez les jeunes. Les associations de lutte contre le tabac réclament une telle évolution depuis longtemps.
Une circulation restreinte
Mais du côté des buralistes, le ton est plutôt à l’inquiétude, voire à la colère. Dans un communiqué, le président de la Confédération des buralistes juge la mesure hypocrite. Une telle annonce « juste avant les vacances, alors que nombre de nos concitoyens s’apprêtaient à partir à l’étranger, c’est donner un véritable coup de pouce aux achats frontaliers et au marché parallèle », peste Pascal Montredon.
Pour soutenir ses propos, la Confédération des buralistes avance un chiffre : un quart du tabac est acheté en dehors du réseau officiel. Les vendeurs craignent qu’une hausse des prix ne fasse qu’accentuer ce phénomène. Ils réclament plutôt l’adoption de restrictions sur l’importation, et la circulation.
Lors d’un entretien avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, la Confédération a rappelé ses bonnes intentions. Elle demande une harmonisation des pratiques au niveau européen et l’accès restreint aux produits du tabac. « Il faut rétablir des restrictions d’importation de tabac strictes », réclame Pascal Montredon.
Les jeunes en cible
Mais augmenter le prix du tabac n’exclut pas d’autres actions fermes à l’égard de la circulation des produits, ce que la Confédération semble oublier. Le Premier ministre Edouard Philippe l’a d’ailleurs souligné dans son discours de politique générale : il entend aussi lutter contre les trafics qui menacent l’efficacité des programmes de prévention.
Qu’à cela ne tienne, les buralistes préfèrent pointer les faiblesses des politiques gouvernementales. Interrogé par l’AFP, Gérard Vidal – président de la Fédération des chambres syndicales des buralistes d’Occitanie – affirme qu’« il n’y a pas assez de prévention à destination des jeunes. » Ignorant au passage qu’un paquet coûteux découragera probablement l’entrée vers le tabac.