Le Yémen est toujours en proie à une épidémie de choléra sans précèdent. Selon le dernier bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 362 500 personnes auraient été contaminées depuis fin avril. Et au moins 1 817 décès ont été recensés depuis ce printemps.
Ce bilan devrait s’alourdir dans les prochaines semaines. Le Comité international de la Croix Rouge (CIRC) estime qu’un Yéménite sur 45 pourrait être atteint de cette maladie diarrhéique. D’ici décembre, 600 000 hommes, femmes et enfants pourraient ainsi être touchés.
« Cette terrible épidémie de choléra est une catastrophe humanitaire provoquée par l'homme qui aurait pu être évitée. Elle est la conséquence directe d'un conflit qui a dévasté l'infrastructure civile et causé l'effondrement du système de santé », a déclaré Peter Maurer, président du CICR. « Je trouve cette souffrance inutile absolument intolérable. Alors que le monde reste passif, cette tragédie ne fait que s'aggraver », ajoute-t-il.
Ravagé par deux ans de guerre, le pays a, en effet, un accès réduit à l’eau potable. Les réseaux d’égouts et les stations de traitement des eaux ont été détruits, ce qui facilite la propagation du choléra.
Une épidémie en pleine guerre
A cela s’ajoute un système de santé en lambeaux. A peine 45 % des infrastructures sanitaires sont opérationnelles. Pour pallier ces dysfonctionnements, les ONG et l’OMS ont mis en place des centres de traitement du choléra pour les patients les plus mal en point, ainsi que des points de réhydratation orale.
Des tonnes de matériel médical ont également été envoyées. A elle seule, l’OMS a apporté 788 000 perfusions de réhydratation et 525 lits médicalisés, ce qui permet d’améliorer la prise en charge des malades et réduit le taux de mortalité.
Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire pour enrayer cette flambée épidémique. « D'autres morts pourraient être évitées, mais il faut pour cela que les belligérants assouplissent les restrictions, autorisent l'importation de médicaments, de vivres et de biens de première nécessité, et fassent preuve de retenue dans leur façon de conduire les hostilités », explique Peter Maurer.
Purifier l'eau
L’accès à l’eau potable est aussi une priorité. Des grandes campagnes d’assainissement ont été lancées par l’OMS afin de procéder à la chloration des puits et autres sources d’eau. En parallèle, l’ONG Médecins Sans Frontières distribue des kits de désinfection contenant notamment du savon, des pastilles de chlore, des balais et des serpillères.
« Au-delà du traitement des patients, il faut s’assurer que leurs domiciles soient désinfectés et que les sources d’eau soient purifiées au chlore, a expliqué Cristina Imaz, coordinatrice logistique pour MSF. Des points de distribution d’eau propre doivent être mis en place, et les endroits où les gens se rassemblent, comme les marchés ou les stations de bus, doivent être pulvérisés au chlore régulièrement. Cependant, ces activités ne sont pas systématiques aujourd’hui. »