La transition risque d’être difficile pour certains patients alcoolo-dépendants. L’Agence française de sécurité du médicament (ANSM) a décidé de modifier le protocole d’utilisation du baclofène dans le traitement de l’alcoolisme. La dose maximale prescrite passe de 300 à 80 mg par jour.
Depuis 2014, le médicament bénéficiait d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) qui a été renouvelée début 2017. Elle impliquait un suivi strict des éventuels effets secondaires. Mais les résultats d’une étude de l’ANSM et de l’Inserm a récemment montré un risque accru d’hospitalisation et de décès lorsque le médicament est prescrit à fortes doses.
Utilisation détournée
Le baclofène est un myorelaxant utilisé depuis les années 1970 dans le traitement des contractures musculaires et des spasmes, notamment dans la sclérose en plaques, à des doses équivalentes à quelques dizaines de mg par jour, au plus. Mais le livre Le dernier verre du Dr Olivier Ameisen, paru en 2008, avait ouvert le champ des possibles.
Le cardiologue, aujourd’hui décédé, y affirmait en effet que le médicament l’avait aidé dans son propre sevrage. Des études ont confirmé son utilité dans la réduction de la consommation chez les patients alcoolo-dépendants, lorsqu’il était prescrit à fortes doses. Ce qui avait poussé l’ANSM à accorder une RTU pour une utilisation à 300 mg/j.
Réduction progressive
Mais face aux risques, l’agence française fait aujourd’hui un pas en arrière. Elle a mis à jour la RTU. Depuis le 24 juillet, la dose maximale prescrite a été limitée à 80 mg/j.
Cette nouvelle posologie ne pourra être mise en place du jour au lendemain pour les patients. « Le traitement doit être réduit progressivement, explique l’ANSM dans un communiqué. Un courrier est adressé aux professionnels de santé afin de les informer de cette nouvelle mesure et des précautions particulières à prendre autour de cette prescription. Le protocole actualisé de la RTU est disponible sur le site de l’ANSM. » Pour les patients prenant plus de 80 mg/j, elle conseille de diminuer les doses par paliers de 10 à 15 mg tous les deux jours.
Elle rappelle également que le baclofène est vivement déconseillé chez les patients présentant des troubles psychiatriques, « en raison du risque d’aggravation d’une pathologie psychiatrique sous-jacente et/ou du potentiel risque suicidaire ». Chez les personnes à risque épileptique, il doit également être « instauré très progressivement ».