Lorsqu’on imaginait le 21e siècle, les fantasmes tournaient souvent autour des voitures volantes. Mais ce sont finalement peut-être les exosquelettes qui symboliseront la science-fiction devenue science. Que ce soit pour améliorer les capacités humaines, ou en médecine pour compenser des déficiences physiques chez des patients.
Des chercheurs des universités de Harvard et Boston (États-Unis) ont développé un dispositif souple, pour une seule jambe, conçu spécifiquement pour aider dans leur rééducation les personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC).
Des altérations de la démarche
Dans 80 % des cas, les AVC laissent des séquelles, rappellent-ils dans leur article, publié dans la revue Science Translational Medicine. Ils provoquent des hémiparésies, c’est-à-dire des déficits moteurs d’un côté du corps, souvent au niveau des jambes.
En marchant, les patients touchés développent alors des stratégies pour compenser le déficit : en tournant la cheville au moment de l’impulsion, en soulevant la hanche à chaque pas ou en faisant des mouvements circulaires pour ramener la jambe, au lieu de plier le genou.
Et ces stratégies ont tendance à laisser des traces, même après la rééducation. Les victimes d’AVC gardent souvent des altérations visibles de la démarche. « Les approches actuelles de rééducation échouent, car elles ne permettent pas de restaurer une mobilité acceptable pour la vie quotidienne », explique Terry Ellis, directrice du centre de réhabilitation neurologique de l’université de Boston.
Sous les vêtements
Avec d’autres chercheurs, elle a donc cherché à produire un exosquelette qui puisse être porté au quotidien, comme partie intégrante de la rééducation. Il est souple, s’enfile sur la jambe atteinte, et est relié à une ceinture comportant une batterie. Et, d’après les essais effectués, le système permettrait de réduire d’au moins 20 % l’asymétrie entre les mouvements des deux jambes pendant la marche. La puissance de la poussée est également augmentée, limitant les mouvements inappropriés au niveau des chevilles.
« C’est un pas important vers le développement d’exosquelettes de rééducation utilisables en dehors des cliniques, dans la vie quotidienne », s’est réjoui Lou Awad, co-auteur de l’étude. Il ne s’agit pas de remplacer le rôle de la kinésithérapie, mais simplement d’apporter un plus. « Dans un futur idéal, des patients en rémission d’AVC pourraient porter des exosquelettes flexibles dès le début de leur rééducation, pour éviter qu’ils développent des altérations dans leur démarche », ajoute Terry Ellis.
Les exosquelettes pour la rééducation ressembleront peut-être finalement plus à des vêtements ou des orthèses souples qu’à la combinaison d’Iron Man.