L’Europe est à la traîne en matière de lutte contre les hépatites virales. Le dernier bilan du Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies (ECDC) le montre bien. En 2015, 60 000 nouvelles infections par l’hépatite B ou C ont été signalées au sein de l’Union. Et depuis 10 ans, la maladie ne cesse de progresser.
A l’occasion de la Journée mondiale contre les hépatites, ce 28 juillet, les institutions sanitaires rappellent l’objectif : l’élimination de ces infections virales d’ici 2030. Mais la route semble bien mal engagée sur le Vieux continent. Outre le manque de données sur les personnes ignorant leur statut sérologique, trop de pays n’ont pas mis en place de stratégie de détection.
Dépister plus
Au total, presque 9 millions de personnes vivent avec une hépatite virale chronique – de type B ou C – sur le sol européen. Pour chaque forme, cela représente 1 % de la population. Mais ces estimations devront probablement être revues à la hausse, avertit le ECDC. En effet, moins de la moitié des Etats membres de l’UE peuvent livrer une estimation du nombre de leurs citoyens infectés par une hépatite virale sans le savoir.
Or, le dépistage est le nerf de la guerre. Sans lui, pas de prise en charge ou de prévention efficaces. Et cela vaut pour tous les pays. « La dynamique de l’action nationale contre l’hépatite se renforce, reconnaît le Dr Gottfried Hirnschall, directeur à l’OMS du département VIH/Sida. Mais pas plus d’une personne sur dix porteuses du virus sait qu’elle est infectée et peut accéder au traitement. »
Tant que la transmission se poursuit par les personnes ignorant leur statut sérologique, le combat restera vain. La détection doit donc se renforcer et cibler les personnes à risque. Car passer à côté d’une transmission du virus est aisé : la plupart du temps, aucun symptôme ne se manifeste. Les formes chroniques favorisent pourtant les cirrhoses et les cancers du foie.
Mettre fin à la transmission
En 2015, dans le monde, plus d’un million de personnes sont mortes des suites d’une hépatite chronique. Un constat inacceptable quand on sait que des traitements sont disponibles. L’Organisation mondiale de la santé a même ajouté, pour la première fois, un générique du sofosbuvir dans sa liste des médicaments préqualifiés. Cette molécule permet de guérir d’une hépatite C en 12 semaines.
Aux yeux du Commissaire européen chargé de la Santé et de la Sécurité alimentaire, cela ne fait aucun doute : l’UE doit prendre en main la situation, et mettre fin à la chaîne de transmission. « Pour mettre fin aux causes sous-jacentes de l’épidémie d’hépatites, nous devons adopter une approche combinée incluant les outils sanitaires et sociaux, et développer des liens entre les stratégies sanitaires, sociales, et éducatives », déclare Vytenis Andriukaitis.
De fait, l’objectif de l’élimination des hépatites virales en tant que menace pour la santé publique est fixé pour 2030. Y parvenir nécessitera des efforts intensifs de la part des pays membres de l’UE. Car à l’heure actuelle, « moins de la moitié (…) ont mis en place une stratégie de dépistage des hépatites », souligne Andrea Ammon, directrice de l’ECDC. La vaccination doit elle aussi se développer. En France, la vaccination contre l’hépatite C est recommandée. Mais celle contre l’hépatite B se fait au cas par cas.