Finalement, l’argent ferait un peu le bonheur, indirectement. L’augmentation des revenus dans de nombreux pays a pourtant eu pour conséquence de faire grimper la sensation de manquer de temps, expliquent des chercheurs américains, canadiens et néerlandais. Elle s’accompagne d’une baisse du bien-être, voire d’anxiété et d’insomnies.
Mais il serait possible de se délester de ce mal-être, en même temps que de quelques billets. Dans un article qu’ils publient dans la revue scientifique PNAS, ils expliquent en effet qu’en utilisant son argent pour se libérer de certaines corvées, le bonheur revient !
Le temps, c’est de l’argent
Les chercheurs ont observé plus de 6 200 personnes aux Etats-Unis, au Canada, au Danemark et aux Pays-Bas. Ils ont remarqué que les niveaux de stress lié au temps étaient corrélés aux dépenses permettant des gains de temps.
Un élément a étonné les scientifiques. Même les personnes pouvant largement s’offrir ces services hésitent à passer à l’acte. Parmi les 6 000 participants à l’étude se trouvaient 818 millionnaires néerlandais. Et, parmi eux, près de la moitié refusaient de dépenser de l’argent pour sous-traiter des tâches ingrates.
« Les personnes qui engagent du personnel de maison ou paient les enfants des voisins pour tondre la pelouse ont l’impression d’être feignantes », interprète le Pr Ashley Whillans, de l’université d’Harvard, qui a participé à l’étude.
Le ménage plutôt que le shopping
Pour ceux qui en ont les moyens, il ne faudrait donc pas hésiter à recruter des aides. Mais pas seulement. « Nous pensions que les effets bénéfiques ne tiendraient que pour les personnes avec un minimum de capital disponible. Mais, à notre surprise, nous avons retrouvé les mêmes effets pour tous les revenus », a déclaré le Pr Elizabeth Dunn, psychologue à l’université de Colombie Britannique (Canada), et l’une des auteurs de l’étude.
« De nombreuses recherches avaient montré les bénéfices liés aux dépenses pour des expériences plaisantes, poursuit-elle. Mais nos résultats suggèrent que nous devrions aussi penser à payer pour nous sortir des mauvaises ».
Les chercheurs ont en effet mené une petite expérience sur 60 Canadiens de Vancouver. Sur deux weekends, ils leur ont donné 40 dollars (27 euros). Pour le premier weekend, les participants étaient censés dépenser cet argent pour s’offrir un cadeau matériel ; pour le second, ils devaient acheter un service leur permettant de gagner du temps. Ce deuxième weekend leur a donné davantage satisfaction.
En cas de stress, il est donc préférable de dépenser son argent pour s’offrir du temps, plutôt que des vêtements ! Bien sûr, pour ceux qui peuvent se le permettre, les deux ne sont pas incompatibles.