Finalement, c’est un pesticide. Au Bangladesh, les décès observés parmi des enfants ayant consommé des litchis sont liés à un insecticide particulièrement toxique, révèle une étude internationale récemment parue dans l’American Journal of Tropical Medicine and Hygiene. Les auteurs montrent que les 13 enfants ont succombé en 2012 à la suite d’une exposition à l’endosulfan, contredisant ainsi la version officielle validée au sein de précédents travaux scientifiques.
Les travaux montrent que le produit chimique a été déversé en quantités excessives sur les arbres fruitiers, en juin 2012. Les enfants ont consommé les litchis et sont décédés une vingtaine d’heures plus tard d’une inflammation du cerveau, directement liée à cette substance si toxique que plus de 80 pays l’ont bannie de leur territoire.
Un seul survivant
Les symptômes observés chez ces jeunes victimes ont d’abord été attribués à une toxine, la methylenecyclopropyl-glycine, qui se trouve naturellement dans les graines de litchis. Cette substance provoque une hypoglycémie, notamment chez les enfants souffrant de malnutrition. En Inde, des décès provoqués par le même syndrome d'encéphalite aiguë ont également été enregistrés, à proximité de cultures d’arbres fruitiers. Du coup, les scientifiques ont conclu qu'une réaction à cette toxine était à l’origine de ces décès.
Mais les auteurs des derniers travaux contestent cette conclusion. « Notre enquête suggère que cette toxine n'a pas pu provoquer cette inflammation cérébrale mortelle chez ces enfants au Bangladesh en 2012 », démontrent les auteurs. Le décès aurait plutôt été provoqué par « une exposition multiple à des substances agro-chimiques très toxiques ».
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont mené une enquête dans le nord du Bangladesh, dans le district de Dinajpur, portant sur 14 cas d'encéphalite aiguë chez des enfants âgés de un à 12 ans. Seul un de ces enfants a survécu.
Epluchés avec les dents
Ils ont découvert qu’au moment de la flambée de ce syndrome, les producteurs de ces fruits utilisaient de l'endosulfan. Parmi les enfants, 13 habitaient au milieu des arbres fruitiers ou à moins de dix mètres d'un verger. Seul un logeait un peu plus loin ; c’est lui qui a survécu à la maladie.
Les habitants ont été interrogés. Ils ont expliqué aux chercheurs que les enfants ont l’habitude de jouer dans les vergers et qu’ils mangent les fruits tombés au sol sans les laver. Or pour les éplucher, ils utilisent leurs dents.
En 2016, le Bangladesh était l'un des rares pays qui autorisaient encore une utilisation restreinte de cette substance chimique. L'usage de ce pesticide est totalement banni aux Etats-Unis depuis la fin 2016 et depuis la fin 2005 dans l'Union européenne.