Le parcours du Nalscue aura été quelque peu difficile, mais voilà qu’il s’achève avec succès. L’antidote aux overdoses d’opiacés, sous forme de spray nasal, vient d’obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France. L’agence du médicament l’a annoncé ce vendredi sur son site.
Le médicament, antagoniste pur et spécifique des morphinomimétiques, permet en quelques secondes d’inverser les effets d’une surdose d’opiacés. Il se fixe sur les récepteurs opioïdes et déplace la morphine de ses sites récepteurs afin de stopper son action.
Avancées et limites
Depuis 2015, le Nalscue bénéficiait d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU), laquelle n’est devenue effective qu’un an plus tard et dans des conditions très strictes – dans un premier temps, du moins. Les patients de la cohorte pouvaient en bénéficier en se rendant dans des CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) pourvus d’une pharmacie hospitalière, ce qui représente un nombre assez limité de centres. Dans les faits, l’accès à ce médicament qui sauve des vies restait fortement restreint.
En décembre 2017, les conditions ont été élargies. A partir de cette date, le Nalscue pouvait être dispensé dans tous les CSAPA ainsi que dans les centres et structures disposant d’équipes mobiles de soins aux personnes en situation de précarité ou d’exclusion gérés par des organismes à but non lucratif. L’accès se voyait donc facilité, mais des freins demeuraient.
Les voici enfin levés. L’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) a délivré l’AMM, laquelle sera effective dans « trois mois environ », le temps de mettre à jour la notice et l’étiquetage. D’ici là, les conditions d’accès au Nalscue restent celles de l’ATU de cohorte.
Prescription médicale non obligatoire
Dans trois mois, donc, le médicament sera disponible sur prescription médicale non obligatoire, précise l’agence. Les CAARUD (Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) pourront également la délivrer.
Le médicament pourra être remis à toutes les personnes à risque d’overdoses d’opiacés ainsi qu’à leur entourage, après dispensation d’une formation spécifique à son utilisation (ce qui est déjà le cas actuellement), explique l’agence.
Réduire le nombre de décès
L’administration de Nalscue ne se substitue pas aux soins d’urgence dispensés par une structure médicale, rappelle l'ANSM. En effet, il s’agit d’agir au plus vite pour écarter le risque létal après une dépression respiratoire induite par une surdose. Car bien souvent, lorsque les secours se rendent sur place, ou quand le patient inanimé est emmené aux urgences, il est déjà trop tard. Pour autant, après administration du spray, l’appel au secours (15 ou 112) doit être immédiat et systématique.
En France, environ 270 personnes perdent la vie à la suite d’une surdose d’opiacés (héroïne…) ou d’opioïdes (médicaments à base d’opiacés) chaque année. Un chiffre sous-estimé, que le Nalscue a vocation a faire diminuer.