Le virus Zika est en perte de vitesse depuis un peu moins d’un an, et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a levé l’état d’urgence de santé publique mondial. Mais il reste un objet de préoccupation pour les chercheurs, qui tentent de trouver des remèdes et continuent d’étudier son fonctionnement et sa transmission.
Des chercheurs de l’université du Wisconsin (États-Unis) se sont en particulier penchés sur les possibilités de transmission par la bouche. Dans un article publié dans la revue Nature Communications, ils concluent qu’un simple baiser ou le fait de partager des couverts ne suffisent pas à transmettre Zika.
Tests sur des singes
Ils ont utilisé des singes rhésus, et ont évalué de différentes manières les risques de contamination. Dans un premier temps, ils ont déposé un échantillon fortement dosé en virus sur les amygdales des macaques, qui ont été infectés, validant ainsi la possibilité d’une transmission par la bouche.
Ensuite, ils ont injecté le virus à un singe, mimant ainsi une piqûre de moustique infecté, puis prélevé sa salive chargée en virus. En répétant la première expérience avec cette salive, aucune contamination n’a été observée, car la charge virale est trop faible (mais pas nulle) dans la salive.
Ces deux expériences montrent donc que la contamination par la bouche est possible, mais très fortement improbable. « Nous pensons que ces résultats s’appliquent aux hommes », a précisé à l’AFP le Pr Thomas Friedrich, virologue à l’université du Wisconsin, et auteur principal de l’étude.
Un cas étonnant
Ces résultats font suite à un cas exceptionnel survenu dans l’Utah (États-Unis) en 2016. Un homme avait contracté le virus en s’occupant de son père malade, laissant soupçonner une transmission par contact salivaire.
« Notre étude montre que la transmission par les baisers ou en partageant des couverts est peu probable, mais nous ne connaissons pas le risque que représente le sexe oral ou l’allaitement maternel, a ajouté le Pr Friedrich. D’autres fluides corporels comme le lait maternel ou le sperme peuvent contenir plus de virus que la salive. »
Des cas de transmission par transfusion sanguine ou par voie sexuelle ont été recensés.
Super-malades
Le cas de l’Utah avait soulevé d’autres inquiétudes. La concentration de virus chez le père était bien plus élevée que chez la plupart des patients ; près de 100 000 fois plus. « La salive de ces individus très rares peut représenter un risque, mais il est infime », a assuré le chercheur. Ces personnes sont néanmoins à surveiller, comme tend à le montrer la cas américain exceptionnel.
Mais le vecteur principal de transmission reste le moustique Aedes. Le virus n’est, dans l’immense majorité des cas, pas mortel. Mais il provoque fièvre modérée, éruptions cutanées, conjonctivites, douleurs musculaires et articulaires, et céphalées, rappelle l’OMS. Les symptômes disparaissent en 2 à 7 jours.
Certaines complications neurologiques, comme des syndromes de Guillain-Barré, ont été observées. Mais c’est surtout chez la femme enceinte que le virus est dangereux : il peut causer des microcéphalies chez les futurs enfants, c’est-à-dire une atrophie grave du cerveau.
L’épidémie de Zika qui a sévi depuis 2015 a déjà touché au moins 1,5 million de personnes dans le monde, principalement an Amérique du Sud, et en particulier au Brésil.