L’allaitement reste la meilleure méthode nutritive pour les enfants en bas-âge. Toutes les études le montrent. Dans les pays riches, les alternatives alimentaires permettent de compenser une partie de la perte des bienfaits du lait maternel et de laisser le choix aux mères.
Mais dans les pays en développement, les conséquences peuvent être dramatiques. Difficultés d’accès à une eau propre, manque d’hygiène des biberons, de nutriments et d’immunité… Chaque année, la mort de 823 000 enfants pourrait être évitée si les bonnes pratiques d’allaitement étaient respectées, d’après une étude parue dans The Lancet en 2016.
Des profits peu glorieux
À l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement, l’ONG Action contre la faim dénonce ainsi le marketing agressif de certaines entreprises agroalimentaires, qui n’hésitent pas à mettre en situation de risque de malnutrition des enfants particulièrement exposés pour faire des profits.
« Les entreprises agroalimentaires aussi ont un rôle à jouer dans la lutte contre la sous-nutrition. Leurs pratiques desservent les enjeux de santé publique : il faut que ça change ! » affirme Elise Rodriguez, responsable plaidoyer Lutte contre la faim chez Action contre la Faim.
Messages mensongers
L’ONG s’insurge contre les agissements d’entreprises comme Danone ou Nestlé, qui utilisent la publicité et même la désinformation pour convaincre des femmes de pays en développement de refuser l’allaitement au profit du lait en poudre.
« Echantillons distribués dans les maternités, posters et brochures affichés dans les établissements de santé, arguments publicitaires mensongers, incitations financières des professionnels de santé à la promotion de leurs produits… Autant de stratégies marketing qui détournent les mères de l’allaitement, au profit d’un marché qui a rapporté près de 45 milliards de dollars en 2014, et qui offrent des perspectives grandissantes dans certains pays en développement tels que l’Inde, l’Indonésie ou le Nigéria », explique Action contre la faim dans un communiqué.
Un scandale au long cours
Le sujet est pourtant bien connu, et depuis longtemps. Depuis 1981, un Code international de commercialisation des substituts du lait maternel prévoit des règles censées assurer que les mères ne soient pas dissuadées de l’allaitement maternel au profit de substituts qui pourraient être dangereux pour l’enfant.
Il prévoit notamment « qu’il ne saurait y avoir, auprès de la population, de promotion de substituts du lait maternel, du biberon et des tétines ; que les installations de soins et les professionnels de la santé ne doivent pas non plus jouer de rôle dans la promotion des substituts du lait maternel et que des échantillons gratuits ne doivent pas être distribués aux femmes enceintes, aux mères de nourrissons ou aux familles ». Des règles pas toujours respectées dans les pays en développement.
Des bienfaits pour l’enfant et la mère
L’OMS recommande une alimentation exclusive au lait maternel jusqu’à 6 mois, puis partielle jusqu’à deux ans, en introduisant progressivement d’autres aliments. « Il apporte tous les nutriments nécessaires à leur développement et contient des anticorps qui les protègent de maladies courantes telles que la diarrhée et la pneumonie, les deux premières causes de mortalité de l’enfant dans le monde », explique l’organisation onusienne.
Il procure également des bénéfices pour l’enfant tout au long de sa vie, en réduisant les risques d’hypertension, d’hypercholestérolémie, d’obésité ou de diabète de type 2. Il protège même la mère de certaines maladies, notamment des cancers du sein et des ovaires.