Le gouvernement confirme son intention de miser sur les maisons de santé pour lutter contre les déserts médicaux. Un arrêté validant « les dispositions de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) relatif aux structures de santé pluriprofessionnelles » est paru au journal officiel du 5 août. Il prévoit une hausse des primes accordées aux professionnels de santé exerçant dans ces structures.
L’accord avait été signé en avril dernier entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins, de sages-femmes, d’infirmiers, de pharmaciens et d’orthoptistes. C’est donc par une incitation financière à la pratique dans ces régions que le ministère de la Santé compte les attirer ou les retenir.
Jusqu’à 42 % d’augmentation
Les structures de pratique collective sont déjà encouragées, et les professionnels de santé y exerçant reçoivent un forfait, en plus de leur rémunération à l’acte, sous certaines conditions, notamment en termes d’horaires d’ouverture ou de prise en charge des malades chroniques. L’accord prévoit une hausse de ce forfait.
Les nouvelles structures recevront une dotation minimale de 20 000 euros. Et pour les autres déjà en activité, la hausse n’est pas négligeable. Par exemple, une maison composée de 13 professionnels de santé, intégrant 4 000 patients et respectant les consignes pourra percevoir jusqu’à 73 500 euros par an, contre 51 800 jusqu’à présent, d’après l’AFP qui relaie un communiqué de l’Assurance maladie. Cela représente une hausse de 42 %.
Plan santé territoire
Il y a quelques jours à peine, Agnès Buzyn avait confirmé son intention de s’attaquer aux déserts médicaux. Elle espère doubler le nombre de maisons de santé pluridisciplinaires, qui sont pour l’instant au nombre 1 200 sur l’ensemble du territoire. Fin 2016, 437 d’entre elles profitaient du dispositif que l’arrêté du 5 août vient renforcer.
Elle suit ainsi le mouvement engagé sous le gouvernement de Manuel Valls, notamment via le Pacte santé territoire 2, publié fin 2015. En mai 2016, l’ancien Premier ministre avait formulé le souhait qu’en 2018, 1 400 maisons de santé soient implantées dans les déserts médicaux.
L’argent ne fait pas tout
Par la parution de l’arrêté, la ministre de la Santé tente d’y répondre, en poursuivant la feuille de route de ses prédécesseurs. La mesure coûterait environ 10 millions d’euros supplémentaires par an, d’après l’Assurance maladie.
Mais la simple implantation et incitation financière ne suffira pas. Agnès Buzyn a insisté sur d’autres leviers, tels que le développement des stages en ambulatoire, l’exercice médical mixte (en ville et à l’hôpital), ainsi que sur la télémédecine afin de soulager la charge de travail des médecins.