« Oui, les jeux vidéo sont bons pour le cerveau ! », affirmait-on il y a peu encore. Non, ils sont en fait dangereux, et provoquent des modifications de l’encéphale, parfois dangereuses pour la santé, entend-on également. En réalité, il semblerait que les effets des jeux vidéos dépendent à la fois du type de jeu, et des individus.
Une étude réalisée à l’université McGill, à Montréal (Canada), a montré que les jeux vidéos de tir à la première personne, pouvaient par exemple induire une baisse de la masse de matière grise au niveau de l’hippocampe. Les résultats sont publiés dans la revue Molecular Psychiatry.
Jeu de tir et "response learners"
Les chercheurs canadiens ont recruté 64 personnes âgées de 18 à 30 ans. Il les ont placés devant des jeux d’action : des jeux de tir comme Call of Duty, Killzone, Medal of Honor ou Borderlands 2, ou d’action en 3D comme Super Mario 64. Des jeux auxquels les participants n’avaient jamais joué précédemment.
Ils ont ensuite évalué les capacités cognitives, notamment sur la navigation, et réalisé des IRM des participants. Et ils ont observé une perte de substance grise dans les hippocampes de ceux qu’ils appellent « response learners », et qui jouaient aux jeux de tirs.
L’hippocampe délaissé
Ces personnes n’utilisent pas leur hippocampe pour évoluer dans leur jeu, mais plutôt leur noyau caudé. Cette partie du cerveau a un rôle dans l’exécution, la mémoire, l’apprentissage, mais aussi les émotions et le système de la récompense.
Ceux qui utilisent l’hippocampe font appel à l’apprentissage spatial pour se repérer. Par exemple, ils utilisent les rochers, les montagnes ou d’autres éléments du décor pour naviguer. Les autres se souviennent plutôt d’avoir tourné à gauche ou à droite.
En délaissant leur hippocampe, ces derniers favorisent son atrophie. D’où la perte (légère) de substance grise observée chez les participants de l’étude canadienne. « Les personnes qui jouent aux jeux vidéo d’action sont deux fois plus susceptibles d’être des response learners (83%) que les non joueurs (43 %), explique le Dr Véronique Bohnot, spécialiste de la mémoire à l’université McGill, et l’une des auteurs de l’étude. C’est important à prendre en compte, lorsqu’on sait l’importance de l’hippocampe dans la cognition. »
Privilégier les jeux de plateforme
Les personnes dont la substance grise est moins importante dans l’hippocampe sont en effet plus à risque de développer des maladies neuropsychiatriques. Il peut s’agir de dépression, de schizophrénie, ou encore de la maladie d’Alzheimer.
Mais tous les jeux ne sont pas à bannir. « Les jeux n’ont pas tous le même effet, poursuit le Dr Bohbot. Ce sont spécifiquement les jeux de tirs à la première personne, et en plus, ce n'est pas sur 100% de la population. Seulement 85% des personnes qui seront attirées vers ces jeux-là auront tendance à utiliser leur noyau caudé ».
Pour les chercheurs, les jeux de plateforme sont donc plus sûrs, quel que soit le joueur. En plus, comme l’ont montré plusieurs études précédentes, ils favorisent l’attention visuelle, les capacités motrices et la mémoire à court terme.