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Psychologie des foules

Terreur : pourquoi agripper son voisin est un réflexe si fréquent

Par Suzanne Tellier

Lorsqu’une personne est effrayée, elle tend à agripper son voisin, confirme une étude menée dans une maison hantée.

creatista/epictura

Ca va, ne faites pas les braves. Vous aussi, quand vous avez une grosse frayeur, vous attrapez le premier bras qui vous passe sous la main pour en broyer la chair. C’est en tout cas le réflexe de la plupart d’entre nous, à en croire une étude menée par des chercheurs de l'université de Neuchâtel (Suisse) et de l'Ecole normale supérieure (ENS) de Paris... dans une maison hantée d’un parc d’attraction !

L'analyse de 460 photographies montrant les réactions effrayées des groupes de visiteurs le prouvent. Alors que l’intuition voudrait que face à une situation effrayante, un individu choisisse la fuite, ou l’agressivité, le fait d’être en groupe semble modifier le comportement tout autrement.

« Préhension mutuelle »

« Dès que l’on se trouve en groupe, les liens sociaux l’emportent sur la volonté de ne penser qu’à soi », constatent les chercheurs. En s’agrippant les uns les autres, les individus terrifiés tentent de se rassurer et s’attendent à ce que l’autre personne fasse de même. C’est ce que l’on nomme la « préhension mutuelle » et cela semble, a priori, plutôt mignon.

En réalité, quand il enclenche son mode « instinct de survie » (oui, même dans la maison hantée d’un parc d’attraction), l’homme semble surtout faire de son prochain son bouclier.


Se protéger

« L’acte social consistant à rechercher un contact physique avec son voisin est en réalité motivé par une envie de se protéger soi-même, poursuivent les auteurs. On le constate en observant une diminution des préhensions mutuelles dès que la taille du groupe augmente. Ou, et c’est plus étonnant, en présence d’enfants ». En effet, les enfants sont nettement plus enclins à s’agripper, mais ne reçoivent que peu de préhensions réciproques.

 Ces travaux, publiés dans la revue Royal Society Open Science, s’inscrivent dans une série d’études consacrées aux comportements de foules lors de situations de peur parfois extrêmes, comme lors de prise d’otages ou d’attentats.