La médecine se met à jour des technologies de la communication. Au CHRU de Lille, les médecins de l’Institut Cœur Poumon utilisent désormais un outil leur permettant de surveiller l’activité cardiaque de leurs patients, sans que ceux-ci n’aient besoin de se rendre à l’hôpital. Il facilite et affine leur diagnostic, et donc ainsi augmente les chances de survie.
Il s’agit d’un petit implant qui se pose sous la peau, au niveau du thorax. Relié par Bluetooth à un smartphone, celui du patient ou, à défaut, un téléphone fourni par l’hôpital, il enregistre le rythme cardiaque, comme un électrocardiographe.
L’application smartphone, à son tour, transmet les données sous forme cryptée vers des serveurs sécurisés, d’où elles pourront être consultées par les cardiologues de l’Institut.
Vers la miniaturisation
Pour l’instant, il ne s’agit pas d’un dispositif d’urgence. Le système n’est pas prévu pour lancer une alerte vers des services de secours en cas d’incident cardiaque. Il s’agit d’un outil destiné au diagnostic.
« Certains patients ont des symptômes trop rares pour être observés pile au moment de la consultation, explique le Dr Laurence Moreau-Guedon, cardiologue au CHRU de Lille. L’appareil fonctionne de manière intelligente : quand une anomalie intervient, il commence à enregistrer et à transmettre. » S’il sent des symptômes apparaître, le patient peut, lui-aussi, déclencher manuellement l’implant via l’application sur smartphone. L'appareil peut ainsi aider à trouver les causes d'une syncope, ou repérer une fibrillation atriale et transmettre en instantané au personnel médical.
Ce type d’implants n’est pas nouveau. La réelle innovation, c’est l’application smartphone et la simplicité d’utilisation. Auparavant, les patients ne pouvaient transmettre qu’avec des émetteurs encombrants qui limitaient leur capacité de déplacement. « Ils l’appelaient leur box ! », en référence à une box internet, s’amuse le Dr Moreau-Guedon.
La France est en retard
L’utilisation d’objets dont les patients disposent déjà, ici leur smartphone, fait partie de l’évolution de la télérythmologie, qui existe depuis une quinzaine d’années, rappelle la cardiologue. Malheureusement, la télémédecine n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie - à une exception près, en ophtalmologie.
La France est en retard dans ce domaine, et seules des initiatives locales, comme celle menée à l’Institut Coeur Poumon du CHRU de Lille, permettent de la mettre en place. « C’est l’hôpital qui prend en charge le dispositif », souligne le Dr Moreau-Guedon.
Pour l’instant, depuis avril et le début de son utilisation, une dizaine de patients ont été implantés. Ils pourront porter l’appareil pendant trois ans.