L’allergie à l’arachide est la première cause d’anaphylaxie, et l’une des principales causes de décès liés aux allergies alimentaires. En France, elle concerne plusieurs centaines de milliers de personnes, pour lesquelles chaque nouvel achat alimentaire ou repas pris à l’extérieur doit s’accompagner d’une grande prudence… et parfois d’une piqûre d’adrénaline en cas d’urgence.
Mais le calvaire pourrait bien s’achever pour tous les allergiques sévères. L’Institut de recherche australien Murdoch Children a développé une immunothérapie. Les premiers résultats cliniques dévoilés en 2013 avaient suscité l’espoir. Quatre ans plus tard, la majorité des personnes traitées sont toujours immunisées contre l’allergie, d'après une étude publiée dans le Lancet.
Deux tiers d’efficacité à long terme
Le traitement consiste en l’association d’un probiotique et d’une immunothérapie orale. Les enfants traités avaient reçu une combinaison de Lactobacillus rhamnosus, une bactérie que l’on retrouve dans certains yaourts et fromages à pâte molle, et d'une protéine d’arachide à doses croissantes, pendant 18 mois.
Après la première phase de tests, 82 % des enfants avaient bien réagi, et étaient devenus tolérants à la cacahuète. Quatre ans plus tard, la majorité d’entre eux (80 %) peut toujours manger des arachides sans problème. Au total, ce sont donc les deux tiers des enfants traités qui sont encore immunisés.
Traiter les allergies alimentaires
«Le traitement probiotique et immunothérapie orale, ou PPOIT, est associé avec une tolérance à l’arachide à long terme, quatre ans après la fin du traitement, se réjouit le Pr Mimi Tang, à l’origine du développement du traitement. Ces enfants ont mangé des cacahuètes librement sans suivre de programme particulier dans les années qui ont suivi la fin du traitement. »
« Le résultat le plus important, c’est que ces enfants ont été capables de manger des cacahuètes exactement comme les autres enfants qui n’avaient pas d’allergie à l’arachide, et de maintenir leur état de tolérance, protégés des réactions, poursuit-elle. Cela suggère aussi la possibilité intéressante que la tolérance est une cible atteignable pour traiter les allergies alimentaires. »
Une bonne nouvelle pour nos sociétés occidentales. Alors qu’en 1970, seulement 1 % de la population en souffrait de ce type d'allergies, ce taux pourrait avoir décuplé en moins de 50 ans. En Angleterre, les chocs anaphylactiques auraient progressé de 700 % en 17 ans.