Le virus du court-noué, cela ne vous dit rien ? Et pourtant c’est la hantise de tout viticultueur. Il sévit dans la plupart des régions viticoles et toucherait deux tiers des vignes françaises. Bonne nouvelle : des chercheurs de l’université de Strasbourg auraient trouvé un moyen de protéger les vignes, en utilisant… des anticorps de chameau !
Le procédé, publié dans la revue scientifique Plant Biotechnology Journal, et relayé par France Bleue, est très inventif. Les scientifiques ont cherché un moyen d’immuniser les plants de vignes contre le virus, une sorte de vaccin pour vignobles en somme. Or les camélidés ont la particularité de produire des anti-corps plus petits que ceux des autres mammifères. Les chercheurs ont donc exposés des chameaux au virus du court-noué, totalement inoffensif pour l’homme et les animaux, afin qu’ils produisent des anti-corps spécifiques contre ce microbe. C’est ensuite une partie seulement de ces anticorps qui est utilisée pour être injecté dans le pied de vigne.
A tester en milieu naturel
La technique testée en laboratoire a donné des résultats concluants. Le virus ne se propage pas dans les rameaux qui ont reçu une injection de ces « nanobodies » produits par les chameaux. Reste maintenant à démontrer que l’efficacité est la même en pleine terre, avec un mode d’infection « naturel », c’est à dire via un vers, présent dans la terre.
Mais c’est là que les chercheurs pourraient voir leur projet compromis, car les oppositions contre les OGM sont fortes dans le milieu viticole. En 2010, des recherches similaires menées par l’Institut national de recherche agronomique (INRA) avaient été brutalement stoppées, après la destruction d’une parcelle expérimentale, rappelle France Bleue.
Christophe Ritzenthaler, co-auteurs des travaux sur les anti-corps de chameaux souligne dans les colonnes du média régional avoir « seulement démontré qu’il était possible d’immuniser les plantes contre la maladie. Mais est-ce que la société veut de cette solution, ou pas ? Ce n’est pas à moi d’en décider ». Seul l’avenir dira si les viticulteur sont prêts cette fois-ci à sauter le pas, pour protéger leur vignoble du fléau du court-noué.