Les femmes en âge d’avoir des enfants avant la loi Neuwirth doivent se demander si leurs filles et petites-filles ne sont pas tombées sur la tête. Les méthodes de contraception dites « naturelles » feraient en effet un retour en force ; 10 % des Françaises s’y seraient mises, rapporte Le Parisien.
Christine Mateus, qui signe la double page que le quotidien consacre au sujet, est allée « prendre la température » sur les blogs, les forums et les réseaux sociaux. Le sujet est indubitablement à la mode. De la bonne vieille méthode du retrait, à celle tout aussi mythique de la température, en passant par l’observation de la glaire cervicale, des pertes vaginales ou de la position du col de l’utérus (!) : discussions et échanges de conseils vont bon train.
« C’est évidemment mieux que de ne rien faire et laisser la nature décider (…). Mais c’est comme jouer à la roulette russe », commente le Pr Philippe Deruelle, secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens français. A croire qu’un demi-siècle après la naissance des – nombreux – « bébés Ogino », les femmes ont encore le goût du risque.
Bien entendu, la crise des pilules de 2012 n’est pas étrangère à cette tendance. Alors que la contraception orale était largement plébiscitée par les Françaises, la prise de conscience des risques associés aux produits de 3e et 4e génération a jeté un froid. Depuis, les femmes ont diversifié leur contraception : les ventes de pilules de 1ère et 2e génération ont augmenté, mais les Françaises se sont aussi tournées vers les implants et les DIU (dispositifs intra-utérins, ou stérilets). Cependant, à l’exception du DIU au cuivre, tous ces produits reposent sur l’effet contraceptif d’hormones, or, c’est cela qui rebute certaines adeptes des méthodes naturelles.
Que ce soit à cause de contre-indications, ou plus souvent par simple envie de ne pas imposer des hormones à son organisme durant des années, les femmes de tout âge font donc confiance à des méthodes qui pourtant affichent des taux d’efficacité bien loin de celui de la pilule ou du stérilet (méthode la plus sûre). Les taux d’échec frôlent les 25 % pour la méthode Ogino, et grimpent à 40 % pour la douche vaginale, rappelle Le Parisien. Pas de quoi faire trembler les afficionados de la contraception « vintage », visiblement.
Celles qui sont plus tendance « geek » et « quantified self » pourront toujours se tourner vers… leur smartphone. L’application Natural Cycles fait ainsi beaucoup parler d’elle. Sur le principe, rien de révolutionnaire : prendre sa température tous les matins et la rentrer dans son téléphone. Mais l’algorithme qui mouline ces données pour déterminer si la femme est féconde ou non a été mis au point par une scientifique… Une physicienne, certes, mais ça donne du poids au dispositif ! Qui, de surcroît, aurait été évalué par deux essais cliniques, dont les résultats ont dû être suffisamment convaincants, puisque l’appli vient de décrocher le marquage CE ! Lancée depuis 2 ans et demi, elle aurait déjà convaincu plus de 160 000 utilisatrices. Mais aucun chiffre n’est communiqué sur les bébés Ogino 3.0…
Initialement publié le 13 avril 2017