C’est une nouvelle pierre dans le jardin d’ Ebola, et celle-ci nous vient de Russie. Lors d’une conférence de presse donnée jeudi 17 août, le ministère des Affaires étrangères russe a annoncé avoir débuté une campagne de vaccination en Guinée.
Plus de 2 000 volontaires devraient ainsi être vaccinés d’ici fin 2018, au Centre de recherche en épidémiologie, microbiologie et soins médicaux (Crems) de Kindia, au sud du pays. Un millier de doses ont déjà été préparées et expédiées de Russie en juillet.
Un stockage à –20 °C
Le vaccin utilisé, Gam Evac Combi, a été mis au point à l’Institut Gamoyeva de Moscou. Il avait été dévoilé à la communauté internationale en janvier 2016, au siège de l’OMS à Genève. « Le vaccin induit une immunité à long terme et ne provoque pas d’effets secondaires sérieux », indique le communiqué.
À la différence d’autres vaccins du même type, qui nécessitent un stockage à −80 °C, le Gam Evac Combi pourrait être conservé à seulement −20 °C. Des travaux sont en cours pour permettre un stockage à +4 °C, précise encore le ministère russe.
Vers un deuxième vaccin efficace ?
D’autres vaccins contre Ebola sont en cours de développement. Le plus avancé, qui répond au nom de rVSV-Zebov, a été mis au point au Canada. Il a fait la preuve de sa très bonne efficacité, lors d’un vaste essai portant sur plus de 5 000 personnes en Guinée. L’efficacité du vaccin russe sur le terrain n’est pas encore connue, mais les autorités russes se disent confiantes.
Ces deux vaccins, le russe et le canadien, sont très similaires dans leur principe. Ils utilisent un virus bénin, celui de la stomatite vésiculaire (VSV), responsable de syndromes grippaux chez l’humain. Ce vecteur est modifié afin de porter un antigène spécifique d’Ebola, et stimuler ainsi la production d’anticorps anti-Ébola chez le patient vacciné.
Nouvelle épidémie en prévision
La production du Gam Evac Combi s’inscrit dans le contexte d’un partenariat industriel et politique étroit entre la Guinée et la Russie. Le Crems de Kindia, où se dérouleront les essais, a été fondé par le géant russe de l’aluminium Rusal en 2015, à la suite de la dernière épidémie d’Ebola. La société est bien implantée en Guinée, où elle exploite des mines de bauxite.
De 2013 à 2016, une vaste épidémie d’Ebola avait frappé l’Afrique de l’Ouest, faisant plus de 11 000 morts. La souche identifiée à cette occasion, dite souche Guinée, est celle utilisée pour fabriquer le vaccin russe. D’après les experts de l’OMS, une nouvelle épidémie est à peu près inévitable, sans qu’on ne puisse cependant prévoir le lieu ou la souche.