« Lorsque vous avez un cancer, ça ne se verra pas nécessairement de l’extérieur ». Le 12 août dernier, Vicky Veness, une Britannique de 30 ans de Cheltenham, une ville située à 150 km à l’ouest de Londres, a posté une photo d’elle, souriante, sur son compte Facebook. Mais le message qui l’accompagne n’est pas léger. Il « peut être bouleversant à lire », avertit-elle.
Elle y raconte que cette photo, celle d’une belle jeune femme, souriante, a été prise quelques heures à peine avant un rendez-vous chez son médecin, au cours duquel elle a appris qu’elle était « atteinte d’un cancer du poumon de stade IV ». Soit un cancer qui a gagné d’autres organes, un cancer métastasé.
Le cancer pris pour de l’asthme
Vicky Veness s’impose pourtant une hygiène de vie impeccable, qui ne laissait en rien soupçonner l’existence d’une telle maladie. Elle est mince, sportive – elle en a même fait son métier, en devenant entraîneur personnel –, court régulièrement et mange sainement. Elle ne fume pas non plus.
Depuis 18 mois, elle souffre néanmoins de symptômes respiratoires, que ses médecins ont « balayé » en les associant à de l’asthme. Pendant un an et demi, son cancer a donc pu se développer sans être maîtrisé, jusqu’à atteindre un stade difficile à traiter, et avec un pronostic vital très défavorable.
« Les symptômes peuvent être subtils, et ne se faire sentir que de manière occasionnelle, souligne-t-elle. La morale de cette histoire est la suivante : si vous vous sentez mal pour quelque raison que ce soit, peu importe à quel point vous pensez passer pour un idiot, allez voir votre médecin, posez toutes les questions qui vous passent par la tête, et retournez-y jusqu’à obtenir les réponses dont vous avez besoin ».
D’autres facteurs de risque que le tabac
L’histoire de Vicky Veness rappelle également que les cancers du poumon ne sont pas réservés aux fumeurs. C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme, rappelle l’Institut Curie, qui souligne également qu’il l’est de plus en plus. En 2O12, 40 000 cas ont été diagnostiqués.
« Le tabagisme est un des principaux facteurs de risque, mais le cancer peut survenir chez des patients qui n’ont jamais fumé, confirme la Fondation. D’autres facteurs peuvent être en cause : des expositions professionnelles (l’amiante), le cannabis ou la pollution atmosphérique. »
11 % des cancers chez les non-fumeurs
D’après une étude menée en 2010 dans 104 services de pneumologie d’hôpitaux français, 11 % des cancers broncho-pulmonaires sont diagnostiqués chez des personnes n’ayant jamais fumé. Et, parmi elles, une sur cinq déclare avoir été exposée au tabagisme passif. Il s’agit le plus souvent de femmes (70 % des cancers chez les non-fumeurs).
« Ces malades non-fumeurs sont plus âgés que la moyenne des patients souffrant de la même pathologie, précisait alors le Dr Daniel Coëtmeur, en charge de l’étude. Leur cas est souvent sévère (métastases osseuses) car les premiers symptômes, sur des personnes qui ne semblaient pas présenter de facteurs de risques, ont été sous-estimés. Une toux persistant au-delà de trois semaines, le premier crachement de sang doivent alerter ».
Une autre étude menée au Royaume-Uni et aux États-Unis suggère que pour les cancers du poumon à petites cellules, pour lesquels 28 % seraient diagnostiqués chez des non-fumeurs. Un taux qui aurait doublé en quelques années.
L’avertissement de Vicky Veness aidera peut-être ces 11 % de patients que le retard de diagnostic peut condamner à gagner des chances de survie. De son côté, elle affirme avoir passé la semaine la plus éprouvante de sa vie, mais être désormais prête à faire face au cancer. « Il est temps de le combattre », conclut-elle.