Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont joué un « rôle crucial » dans l’émergence de l’épidémie de choléra au Yémen, qui a déjà contaminé un demi-million de personnes depuis le mois d’avril.
Dans une lettre publiée par le Lancet, des chercheurs de la Queen Mary University (Londres) accusent les deux Etats de créer les conditions de déstabilisation à l’origine de cette crise sanitaire majeure au Yémen.
Selon l’analyse des scientifiques, huit décès sur dix liés au choléra au Yémen surviennent dans des zones contrôlées par les rebelles. En liant ces données à celles de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), et en cartographiant l’épidémie dans les zones contrôlées par le gouvernement et celles gérées par les rebelles Houthis, les chercheurs ont observé que l’épidémie affectait de manière disproportionnée les régions tenues par les rebelles.
Campagne militaire
Les rebelles sont la cible depuis deux ans d’une campagne militaire conduite par une coalition. Cette coalition, menée par l’Arabie-Saoudite, a reçu du soutien logistique et politique de la part des gouvernements britannique et américain, soulignent les chercheurs. Les entreprises anglaises ont ainsi continué à vendre des armes à l’Arabie-Saoudite malgré des inquiétudes croissantes concernant les victimes civiles liées aux frappes de la coalition.
« Les deux parties sont accusées d’ignorer le bien-être de la population civile et de violer le droit humanitaire international, expliquent les chercheurs, Jonathan Kennedy, Andrew Harmer and David McCoy. Mais le gouvernement [yéménite] et la coalition menée par les Saoudiens disposent de beaucoup plus de ressources. Par conséquences, les zones contrôlées par les Houthi ont été affectées de manière disproportionnée par le conflit, ce qui a créé les conditions favorables à la propagation de l’épidémie ».
Les infrastructures détruites
Les chercheurs soulignent ainsi que les frappes aériennes de la coalition ont détruit des infrastructures vitales – hôpitaux, systèmes publics de distribution d'eau… - et des quartiers résidentiels, ont forcé la populations à se déplacer et s’entasser dans des conditions sanitaires déplorables. Le blocus imposé par la coalition sur les importations a causé des pénuries de nourriture, de matériel médical, de carburant et de chlore, et restreint l’accès humanitaire ».
Quelques 5000 cas de choléra se déclarent tous les jours dans ce pays ravagé par la guerre. En fournissant un soutien logistique à la coalition, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont partiellement responsables de ce que l’on considère désormais comme la pire épidémie de choléra au monde.