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9 mois après l'opération

Greffé des deux mains : Jean-Michel Schryve progresse à grands pas

Par la rédaction

Alors qu’il a été greffé des deux mains qu’en novembre dernier, le Nordiste peut désormais s’en servir au quotidien, et ressent le chaud, le froid et la douleur.

Capture d'écran - Twitter du Chu de Lyon
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Le 7e greffé des deux mains Français se porte bien. Jean-Michel Schryve, originaire d’Hazebrouck, dans le département du Nord, poursuit sa rééducation à l’hôpital Jacques Calvé de Berck-sur-Mer, avec une motivation inébranlable. Une motivation tellement forte que le personnel soignant est parfois contraint de freiner ses ardeurs, rapporte La Voix du Nord.

L’homme de 51 ans a été opéré en novembre dernier aux Hospices civils de Lyon. L’opération a été rendue publique en février dernier, après que ses chirurgiens ont pu constater la réussite de l’intervention. Depuis, il n’a pas quitté la rééducation. Dans un premier temps dans une clinique de l’Ain, puis à Berck.

« Je vais super bien, confie-t-il au quotidien nordiste. Ici, je suis comme à la maison, car j’étais déjà venu après avoir été amputé. Je connais tout le monde. »

Amputé des 4 membres

L’habitant du Nord de la France avait été amputé des 4 membres en 2010 en raison d’une nécrose liée à une grave infection du sang. Il a également souffert d’une nécrose partielle de la face ayant nécessité plusieurs opérations chirurgicales de reconstruction, a expliqué l’établissement lyonnais.

Après une longue période de rééducation, il a appris à marcher avec des prothèses. Mais il supportait mal de ne pas pouvoir utiliser ses bras. « Quand on n'a ni main, ni pied, c'est très difficile. Avec le courage que j'ai, j'ai réussi à faire face. Six mois après mon amputation, j'étais sur pied. Mais il me manquait quelque chose, je faisais tout avec mes moignons mais il me manquait le toucher », a-t-il raconté à Lyon Mag.

3 ans d’attente

Alors, en 2012, il contacte l’équipe de chirurgie de l’hôpital Edouard Herriot et de la clinique du Parc de Lyon pour accéder à la greffe.

Inscrit sur liste d’attente, il a dû attendre 3 ans et un donneur compatible pour être opéré. Ce type d’intervention hors norme comporte de nombreux risques. Le premier est bien sûr le rejet des greffons malgré le traitement immunosuppresseur à prendre à vie.

« Pour M. Schryve, les suites de la transplantation sont marquées par une infection qui prolonge son hospitalisation », avait indiqué l’établissement lyonnais. Une infection, suivies par d’autres, qu’il a finalement su combattre.

S’approprier les mains

La rééducation devrait durer au moins 3 ans, entre séances de kiné, ergothérapie et sport. Chez les patients précédents, la kinésithérapie leur a permis de retrouver entre 34 et 91 % de leur mobilité. Le sens du toucher se récupère dans l’année suivant l’intervention.

Les mains greffées « ne sont pas encore tout à fait les miennes, reconnaît-il. J’ai d’abord eu le froid puis le chaud et, depuis peu, je commence à ressentir la douleur, explique Jean-Michel Schryve. C’est un bon signe et un pas important, ça veut dire qu’il y a de la vie à l’intérieur. »

« J’ai encore beaucoup de choses à apprendre, ajoute-t-il. Je me pose souvent la question de savoir si j’ai bien fait de faire cette greffe car avec mes moignons, j’étais totalement autonome », en ajoutant néanmoins croire qu’il a pris la bonne décision.

Une décision qu’il assume pleinement. « C’est l’exemple que l’on donne à tout le monde en termes de courage et de volonté, explique son kinésithérapeute. Les échanges avec lui sont aussi très riches. Il sait ce qu’il veut, il est toujours en train de progresser. »

Protocole de recherche

Cette chirurgie est intervenue 19 ans après la première greffe mondiale de mains réalisée au sein du CHU de Lyon par le Pr Jean-Michel Dubernard. Depuis 2000, les greffes d’avant-bras sont réalisés dans le cadre de programme hospitalier de recherche clinique (PHRC). Le CHU de Lyon pouvait y inclure 7 patients. M Schryve est le dernier à en avoir bénéficié.

Fort des résultats encourageants obtenus chez ces patients, l’hôpital lyonnais, en collaboration avec des équipes parisiennes, a obtenu le droit de lancer une nouvelle étude dans le cadre d’un protocole de recherche médico économique (PRME). Celle-ci permettra de proposer la greffe à des patients qui viennent d’être amputés des avant-bras.

À l’origine, ces patients inclus ne devaient jamais avoir porté de prothèse, mais les médecins ont réussi à faire évoluer le protocole de recherche. L’objectif de ces travaux est de comparer l’impact médical et économique des prothèses et de la transplantation.