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ADN circulant

Cancers : une détection précoce avec un test sanguin

Par Yvan Pandelé

Des chercheurs américains ont développé une nouvelle méthode pour séquencer l’ADN tumoral dans le sang.

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Le cancer est une course contre la montre. Plus il est détecté tôt, plus il est curable. Lorsque la tumeur initiale a formé des métastases, il est bien rare que la médecine puisse faire mieux que retarder l’échéance. La détection précoce du cancer est donc le Graal de la cancérologie, a fortiori si elle peut être sans risque et sans douleur.

C’est dans cette optique que s’inscrit l’étude récemment publiée dans Science Translational Medicine par des chercheurs de l’université John Hopkins (États-Unis). Grâce à nouvelle méthode de détection de l’ADN tumoral dans le sang, ils sont parvenus à détecter 62 % en moyenne des cancers précoces chez 138 patients.

« Cette étude montre qu’il est possible d’identifier le cancer à un stade précoce en utilisant les changements d’ADN dans le sang, et que notre méthode de séquençage de haut précision est une approche prometteuse pour y parvenir », résume le Pr Victor Velculescu, oncologue à John Hopkins et auteur senior de l'article, dans le communiqué.

 

Identifier l’ADN tumoral dans le sang

La technique utilisée est connue : la biopsie liquide par détection d’ADN circulant. Elle consiste à analyser le sang circulant librement dans le sang à la recherche de minuscules fragments d'ADN issu d’une ou plusieurs tumeurs. En effet, les cellules tumorales sont porteuses de mutations caractéristiques, qui leur permettent de proliférer en dehors du contrôle de l’organisme.

Ça, c’est la théorie. Très prometteuse, la biopsie liquide se heurte à un problème de fond : détecter des brins d’ADN cancéreux dans de l’ADN sain, c’est à peu près comme trouver une aiguille dans mille bottes de foin. Pour l’heure, on parvient surtout à repérer les mutations… que l’on a déjà identifiées par une biopsie classique. Autrement dit, on peut surveiller un patient déjà diagnostiqué mais pas encore détecter la maladie en amont.

 

Chaque brin séquencé 30 000 fois

Pour résoudre ce problème, les chercheurs de John Hopkins ont développé une méthode dite de « séquençage à correction ciblée d’erreur » (targeted error correction sequencing, TEC-Seq). Elle consiste à multiplier les séquençages pour s’affranchir de l’aléa statistique : chaque brin d’ADN est ainsi lu et relu… quelque 30 000 fois.

Grâce à cette méthode, la biopsie liquide atteint une sensibilité acceptable pour détecter des cancers précoces. Sur 138 patients atteints de cancers localisés, 86 ont ainsi pu être identifiés. Les taux de détection étaient de 59 % dans les cancers du sein et du poumon, 67 % dans l’ovaire et 71 % dans le côlon. Aucun faux positif n’a été rapporté, ce qui est important pour espérer obtenir un test fiable.

Évidemment, la méthode demande un nombre colossal de calculs. Elle est donc très coûteuse. Mais en ciblant bien les redondances – et en tablant sur la baisse du prix du séquençage –, les chercheurs se disent confiants sur le fait qu’elle puisse être un jour industrialisée. Il deviendrait ainsi possible de surveiller, par un simple test sanguin, des sujets à risque tels que les fumeurs ou les femmes atteintes d’une mutation BRCA. Une petite révolution.

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