Yeux vitreux rivés sur votre écran d’ordinateur, vous n’avez pas quitté votre canapé de la journée. Impossible de l’éteindre tant que vous n’avez pas vu la dernière machination de Cersei dans Games of Throne ou eu un dernier frisson avec Eleven dans Stranger Things. Un marathon-série qui pourrait bien vous transformer en zombie, prévient une étude parue dans le Journal of Clinical Sleep Medicine.
Des chercheurs des universités du Michigan (Etats-Unis) et de Louvain (Belgique) ont, en effet, montré que ce « binge-watching » altérait la qualité du sommeil, favorisait la fatigue et les insomnies. Ce phénomène nocif pour la santé est pourtant en hausse grâce aux plateformes.
Un binge-watching involontaire
En effet, parmi les 420 jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans, 81 % ont confié qu’ils leur arrivaient de regarder plusieurs épisodes d’une même série au cours d’une seule journée. Les chercheurs les ont qualifiés de « binge-viewers ». Environ un tiers d’entre eux ont rapporté l’avoir fait plusieurs fois au cours du mois étudié. Une tendance plutôt féminine, à en croire les résultats.
Les chercheurs ont aussi noté que ce binge-watching était souvent involontaire. Absorbés par l’histoire et les rebondissements, les téléspectateurs lancent le prochain épisode sans se préoccuper de l’heure qu’il est, expliquent-ils.
Obésité, maladie cardiaque...
Un laisser-aller qui impacte leur sommeil. Les participants ont rapporté dormir en moyenne 7h37 par nuit. Une durée insuffisante pour les plus grands addicts aux séries puisqu’ils se plaignent davantage de fatigue et d’un sommeil de qualité médiocre.
Maintenus en éveil par le suspens des épisodes, ils ont également plus de mal à s’endormir. « Ils sont tellement impliqués dans leur série qu’ils continuent à y penser et la ressasser quand ils vont se coucher », décrit Liese Exelmans, chercher à l’université de Louvain et responsable des travaux.
Perdre le sommeil pour Walking Dead, Narcos ou Le bureau des légendes, ne serait alors pas sans conséquences. Les chercheurs rappellent que la privation de sommeil est associée aux troubles de la mémoire, de l’apprentissage, mais aussi à l’obésité, à l’hypertension et aux maladies cardiovasculaires.
« Le sommeil est le carburant dont a besoin notre organisme pour fonctionner correctement. Il est donc très important de documenter les facteurs de risque qui impactent le sommeil. Au vu de ces résultats, le binge-watching en fait partie », conclut Liese Exelmans.