Nos entrailles abritent quelque 100 000 milliards de bactéries. A l’origine de la flore intestinale, ces microbes jouent un rôle clé dans notre organisme. Allergies, maladie de Parkinson, obésité ou encore trouble du comportement s’expliqueraient, en partie, par un dysfonctionnement du microbiote.
Et pour informer le cerveau qu’il vacille, cet organe à part entière utiliserait le cortisol, avance une étude parue dans Gut microbes. Ces résultats permettraient d’expliquer le développement de l’autisme et les spécificités d'un malade à l'autre.
Pour découvrir cette voie de communication, les chercheurs de l’université de l’Illinois ont étudié des cochons âgés d’un an. La formation des intestins et le développement cérébral de ces animaux sont similaires à ceux des humains du même âge.
A l’aide de ces cobayes, l’équipe a pu étudier la composition du microbiote, quantifier la présence de certaines espèces bactériennes, ainsi que la concentration de plusieurs substances dans le sang et le cerveau.
Le cortisol, un médiateur
Les scientifiques ont alors mis en lumière un lien entre certaines bactéries (Bacteroides, des Clostridium ou des Ruminococcus) et des neuro-messagers comme l’acide N-acétylaspartique. La concentration de ces molécules variait en fonction de la présence ou l’absence des bactéries.
En poursuivant leurs analyses, les chercheurs ont également observé un lien entre ces bactéries et les taux sanguins de sérotonine et de cortisol. Ces deux molécules sont connues pour influencer le cerveau mais aussi le microbiote.
Au vu de leurs résultats, les chercheurs estiment que le cortisol joue un rôle de médiateur entre les bactéries Ruminococcus et l’acide N-acétylaspartique. Il permettrait au microbiote et au cerveau d’échanger des informations et d’interagir.
Une piste d'explication de l'autisme
Si la découverte d’une voie de communication entre ces deux organes est un pas important pour comprendre l’apparition de plusieurs maladies, les scientifiques se sont aperçus que leurs résultats faisaient écho à des publications sur l’autisme.
« Une fois que nous avons découverts ces relations, nous avons sans cesse été menés vers la littérature sur l’autisme, explique Austin Mudd, l’un des chercheurs. Nous restons prudents et ne voulons pas surestimer nos résultats, mais nous pensons que ces liens pourraient contribuer à l’hétérogénéité des symptômes de l’autisme ».
De fait, récemment, des travaux ont rapporté un lien entre les Ruminococcus et l’état de développement cérébral. Ces différents résultats suggèrent qu’en modifiant la composition du microbiote, il serait possible d’atténuer l’autisme, voire le guérir. Mais encore faut-il que les chercheurs identifient précisément les bactéries en cause et les plus actives lors du développement neurologique, souligne Austin Mudd.