De plus en plus, sous la pression des médecins et des joueurs, les fédérations de sports de contact prennent en compte le risque à long terme des commotions cérébrales sur la santé des joueurs. La ligue américaine de football américain (NFL) a pris le problème à bras-le-corps, face à la grogne d’anciens joueurs souffrant de problèmes neurologiques.
Au rugby, aussi, des protocoles ont été mis en place pour protéger les joueurs pendant les matchs. Ils sont ensuite suivis, et le retour à la compétition n’est autorisé qu’avec l’accord des médecins.
Mais ceux-ci s'appuient sur des symptômes neurologiques pour prendre leur décision. Une erreur, à en croire les résultats d’une étude de l’université de Toronto (Canada), parus dans la revue Scientific Reports. Au moment de la reprise, les joueurs souffriraient encore de dommages cérébraux, d’après les chercheurs.
Analyse en profondeur
Ils ont analysé en détail l’état cérébral de 54 sportifs universitaires, hommes et femmes, issus de différents sports, de contact ou non, et dont la moitié avait subi une commotion cérébrale. Les tests ont été réalisés au moment de la phase aigüe du traumatisme – entre un et sept jours suivant le choc – puis au moment où les médecins estimaient qu’ils étaient aptes à reprendre la compétition – entre quatre jours et huit mois plus tard.
En plus des tests cognitifs classiques, ils ont utilisé l’IRM et l’IRM fonctionnelle pour observer d’éventuels dommages en profondeur, notamment au niveau de la substance blanche. Celle-ci relie entre elles les zones du cerveau composées de substance grise, où se trouvent les neurones.
Ne pas se fier aux symptômes visibles
Contrairement à cette dernière, la substance blanche peut se régénérer. Mais il semblerait qu’elle soit encore endommagée, même une fois les symptômes disparus. Lorsque les médecins donnent leur accord pour la reprise de la compétition, les dommages résultant de la commotion cérébrale ne sont donc pas nécessairement résorbés.
« Notre étude montre que les conséquences neurobiologiques de la commotion cérébrale peuvent durer plus longtemps que ce que les symptômes que nous recherchons habituellement pour déterminer si un athlète est prêt à jouer à nouveau pourraient le laisser croire », explique Nathan Churchill, l’auteur principal de l’étude.
Les conséquences à long terme de traumatismes répétés ne sont pas anodines. Démences précoces, maladie de Parkinson, risques accrus de dépression et de suicide… Les protocoles de reprise du sport après un choc à la tête pourraient donc être rendus plus sévères.