La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de handicap visuel chez les personnes âgées de plus de 50 ans, rappelle l’Inserm. Elle touche même jusqu’à 30 % des plus de 75 ans, et l’incidence de la maladie devrait continuer d’augmenter dans les années à venir.
L’une des formes de la maladie, dite « humide », bénéficie de traitements : les inhibiteurs de VEGF. Le traitement ralentit souvent son évolution, mais nécessite des injections à intervalles réguliers, effectuées chez l’ophtalmologiste, et elles sont coûteuses.
Pour améliorer le traitement, une supplémentation en antioxydants et en zinc serait une solution efficace, et permettrait de faire des économies substantielles, d’après une étude américano-britannique, publiée dans le British Journal of ophtalmology.
Des cocktails efficaces
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs se sont appuyés sur les données de l’étude AREDS (Age-related eye disease study), et sur les chiffres britanniques de dépenses liées à la DMLA.
D’après l’étude AREDS, une combinaison de vitamines C et E, de bêta-carotène, de zinc et de cuivre, ou le même cocktail sans bêta-carotène, remplacé par de la lutéine et de la zéaxanthine, est efficace pour ralentir l’évolution de la maladie. Elle permettrait d’augmenter la durée de vie sans perte de vision.
Ces supplémentations sont déjà disponibles dans le commerce.
Une économie pour l’Assurance maladie
En reliant ces résultats aux données de dépenses de santé, les chercheurs ont également montré que cette supplémentation, en plus du traitement anti-VEGF, permettait de réaliser des économies substantielles pour les systèmes de santé.
Les patients auraient ainsi besoin de huit injections en moins, ce qui représente, au Royaume-Uni, une économie de 3 000 livres (environ 3 300 euros) par patient. Soit, pour l’Assurance maladie britannique, l’équivalent de 131 millions de livres (142 millions d’euros) par an.
De nombreux bénéfices
De plus, les anti-VEGF ont des effets secondaires : des endophtalmies (inflammation des tissus internes de l’œil), provoquant potentiellement des pertes de vision. Ils peuvent auss favoriser l’apparition de thromboses, et donc d’AVC. Une réduction du nombre d’injections est donc aussi médicalement pertinente.
« En tenant compte du poids et du coût du traitement, la prévention de la DMLA humide apparaît donc comme une stratégie intéressante pour limiter les thérapies anti-VEGF chroniques et coûteuses, et préserver la fonction visuelle », estiment les chercheurs.
Les patients ne souffrant de DMLA que sur l’un des deux yeux seraient particulièrement concernés par la supplémentation, qui permettrait de prévenir l’évolution de la maladie sur l’œil sain.
Une évolution parfois rapide
La forme humide de la DMLA est provoquée par un développement anarchique de nouveaux vaisseaux sanguins dans l’œil, sous la rétine. Ces vaisseaux sont fragiles, et suintent : du sérum et du sang peuvent s’en échapper, provoquant des hémorragies, et soulevant la rétine. La perte de la vision centrale, typique de la DMLA, peut intervenir très vite, en quelques semaines, voire même en quelques jours.
Depuis un peu plus de dix ans, les inhibiteurs de VEGF permettent d’en ralentir l’évolution. Ce facteur de croissance limite la formation des vaisseaux sanguins, et donc les pertes de vision. Entre 5 et 10 injections annuelles peuvent être pratiquées.
Mais le traitement n’est pas à toute épreuve : la DMLA humide évolue parfois vers la deuxième forme de la maladie, dite atrophique ou « sèche avancée ». Les cellules de la macula, la zone de la rétine responsable de la vision centrale, dégénèrent lentement, en plusieurs années. Aucun traitement n’existe contre cette forme de la maladie.