A force de dénoncer notre surconsommation de médicaments, nous risquons un jour d’en manquer. Les ruptures de stock sont de plus en plus fréquentes, au point que l’Académie de pharmacie doit publier dans la semaine des recommandations.
« Je ne sais jamais quel médicament va manquer totalement ou partiellement », indique au Figaro un pharmacien de Strasbourg. « Le comble pour l’un des domaines les plus régulés au monde et, à en croire l’Organisation mondiale de la santé, l’un des systèmes les plus performants », souligne le journaliste Damien Mascret.
Mais la machine peut se gripper pour plusieurs raisons. La matière première peut faire défaut. En 2009, un marqueur radioactif souvent incontournable en radiologie pour mesurer l’évolution des cancers est devenu introuvable. A la suite d’une panne dans le réacteur nucléaire situé en Hollande, toute l’Europe s’est retrouvée en difficulté, explique le quotidien.
Autre cause, le fabricant peut décider d’arrêter la fabrication d’un médicament pour des raisons économiques. « Car à vouloir en permanence restreindre les bénéfices des industriels du médicament, on a oublié l’un des fondamentaux du marché : il faut qu’un produit soit rentable pour être viable », commente le journaliste. L’Etat a tenté d’y mettre bon ordre en 2009, mais le Conseil constitutionnel a retoqué la mesure visant à obliger un industriel à produire un médicament.
Au printemps 2012, des rhumatologues avaient alerté les autorités sanitaires des ruptures de stock de produits utilisés pour des infiltrations destinées aux patients souffrant de sciatique ou de tendinite. La pénurie de ces corticoïdes inhalés n’était pas un cas isolé. Parmi les 12000 médicaments commercialisés, 70 à 80 produits indispensables, car sans alternative, étaient régulièrement en rupture de stock.