Après un repas copieux de fête, lorsque les effets de l’excès de nourriture commencent à se faire sentir, nous sommes nombreux à avoir le même réflexe : prévoir un lendemain frugal. Ce réflexe pourrait avoir plus de sens que de la simple modération. La restriction pourrait être bénéfique, à court et long terme.
Des chercheurs de l’université de Californie du Sud (USC, États-Unis) mènent de front plusieurs voies de recherche sur les bienfaits sur la santé du jeûne alterné. Cette méthode d’alimentation consiste à manger sans restriction – tout en restant raisonnable – certains jours, et à ensuite réduire drastiquement les apports alimentaires.
Et l’une de leurs découvertes n’est pas anodine. Après quelques mois de ce régime, les symptômes des diabètes de types 1 et 2 pourraient être grandement améliorés.
Le pancréas au repos
Il y a quelques mois, Valter Longo, directeur du Centre de recherche sur la longévité, avait montré que chez des souris génétiquement modifiées pour être obèses et diabétiques, le jeûne alterné permettait non seulement de leur faire perdre du poids, mais également de faire disparaître totalement leur diabète.
Avec son équipe, il avait montré que le pancréas, responsable de la production d’insuline, et donc impliqué dans le diabète lorsque la sécrétion est dérégulée, profitait de ces jours de jeûne pour se régénérer. Ce faisant, il est ensuite capable, les jours d’alimentation complète, de produire à nouveau de l’insuline.
Essai clinique concluant
Reste à montrer que ce type de régime agit de la même manière chez l’homme, et qu’il n’est pas dangereux. Et depuis ces premiers résultats sur la souris, la même équipe a réalisé un essai clinique portant sur une centaine de personnes. Sur un mois, elles étaient invitées à manger normalement (et équilibré) pendant 25 jours, et à répartir 5 jours de jeûne.
L’expérience a déjà porté ses fruits. Après seulement trois mois, des amélioration significatives ont été observées chez les participants qui, au début de l’étude, avaient un taux de sucre important dans le sang. Ce qui suggère que leur pancréas fonctionnait mieux.
Et, de manière importante, aucun des jeûneurs n’a fait état d’effets secondaires particuliers.
Un bénéfice parmi d’autres
Il semblerait donc que le jeûne alterné puisse être un facteur bénéfique dans la gestion du diabète. Cette propriété s’ajoute à d’autres : ce régime favoriserait la perte de poids, et limite donc d’autres pathologies, notamment cardiovasculaires – même si ces propriétés sont encore débattues et contestées par certaines études.
Une étude, toujours en provenance de l’USC, et parue en février dernier dans Science Translational Medicine, avait également montré que ce type de régime favorisait un ralentissement du vieillissement, tout en limitant par exemple les risques de cancers.
1 000 Kcal/jour
Chez nos voisins britanniques, le jeûne alterné a déjà la cote. Le plus prisé est le 5/2, qui consiste, en une semaine, à se restreindre deux jours. Les modalités varient : certains jeûnent deux jours d’affilée, d’autres alternent un jour de restriction et deux ou trois jours d’alimentation normale.
La quantité de nourriture ingérée pendant les périodes de disette varie. Les plus extrêmes se contentent de boire de l’eau, d’autres de se limiter à 500 Kcal/jour. Les chercheurs de l’USC ont, eux, choisi de « mimer » un jeûne en limitant l’apport à un peu plus de 1 000 Kcal.
Même si le jeûne alterné ne fait pas l’unanimité dans la communauté médicale, de plus en plus d’indices penchent en sa faveur. En attendant les conclusions définitives de son innocuité, mieux vaut néanmoins éviter des restrictions trop importantes.