Le débat est houleux. La e-cigarette incite-t-elle les plus jeunes à franchir le pas du tabagisme ? Y a-t-il un effet « porte d’entrée » ? En Angleterre, où les autorités ont opté pour une politique favorable à la vapoteuse en tant qu’objet de réduction des risques, une nouvelle étude relance cette question.
Menés sur plus de 60 000 personnes âgées de 11 à 16 ans, avec la collaboration de l’agence Public Health England, les travaux visaient à déterminer si les jeunes vapoteurs se muaient en adolescents fumeurs.
La réponse est négative, expliquent les chercheurs qui jugent infondées les craintes formulées sur un éventuel effet de vases communicants. Les travaux, publiés dans la revue International Journal of Environmental Research and Public Health, ont été menés à partir de cinq cohortes au Royaume-Uni.
Peu de vapotage régulier chez les jeunes
Ils montrent d’abord que vapotage est très peu répandu au sein de cette classe d’âge : si 10 à 20 % des 11-16 ans ont déjà expérimenté la e-cigarette, seuls 3 % l’utilisent régulièrement. Par ailleurs, parmi les jeunes qui n’ont jamais fumé de tabac, l’usage de la e-cigarette est particulièrement limité, compris entre 0,1 % et 0,5 %.
« Cette caractéristique était constante dans les différentes études à travers le Royaume-Uni et suggère que, jusqu’à présent, l’expérimentation de la e-cigarette ne se transforme pas forcément en un usage régulier, en particulier chez ceux qui n’ont jamais fumé de tabac », écrivent les auteurs.
Les vapoteurs réguliers étaient surreprésentés parmi les jeunes qui fumaient également du tabac, alors que les jeunes n’ayant jamais expérimenté le tabac ne semblaient pas séduits par la e-cigarette, précisent les chercheurs. Ce qui suggère que la e-cigarette est plutôt concomitante à une consommation de tabac, qu’elle peut par ailleurs diminuer. En revanche, elle n’induit pas un effet passerelle chez ceux qui n’ont jamais fumé et qui, dans les faits, ne s’approprient pas cet objet.
Les travaux montrent également que la prévalence du tabagisme chez les jeunes ne cesse de diminuer. D’autres études seront menées afin d’évaluer les taux de consommation de tabac et de e-cigarette parmi les jeunes, ainsi que les interactions entre ces deux consommations. Mais selon les auteurs, ces résultats montrent que la politique de réduction des risques menée par les autorités vis à vis de la vapoteuse semble bel et bien se justifier.