Le gouvernement veut chasser les nanoparticules de notre assiette. Dans un communiqué publié ce jeudi, les ministres de la Transition écologique, de la Santé, de l'Agriculture et de l'Economie ont annoncé un renforcement des contrôles dans les produits alimentaires. Cette décision fait suite à l’alerte lancée par plusieurs associations quant à la présence de dioxyde de titane (TiO2) dans les sucreries.
Les ministres rappellent « aux industriels leurs obligations de transparence et d'étiquetage sur la présence de nanomatériaux manufacturés dans les produits de consommation ». La réglementation européenne oblige, en effet, l’ajout de la mention [nano] après le nom de l’ingrédient.
Mention [nano] obligatoire
Or, force est de constater que la loi est peu ou pas appliquée. L’analyse de 18 produits, en majorité destinés aux enfants, par le magazine 60 millions de consommateurs révèle que cette mention n’apparaît jamais sur l’emballage. La France devrait donc durcir le ton. « Des premiers contrôles ont déjà pu être menés et ceux-ci vont se poursuivre de manière intensive au second semestre », indiquent les ministres concernés.
Les résultats obtenus par les services de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) seront présentés au niveau européen afin de clarifier la réglementation actuellement en vigueur. Les conclusions de la DGCCRF seront également présentées aux Etats généraux de l’alimentation dont les travaux ont débuté cette semaine. Ce sera « l’occasion de débattre des usages des substances à l’état nano-particulaire dans l’alimentation, au regard des bénéfices attendus et des incertitudes sur le plan sanitaire », soulèvent les ministres.
L'Anses priée d'avancer plus vite
En outre, « face aux incertitudes sur l’impact sanitaire de cette substance à l’échelle nanométrique », le gouvernement demande à l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) de « finaliser à court terme » ses travaux sur le dioxyde de titane.
L’agence avait été saisie en janvier dernier par le gouvernement après la publication de résultats inquiétants sur cet additif alimentaire baptisé E171. Menés par l’Inra (l’Institut national de la recherche agronomique), ces travaux ont montré qu’il pouvait traverser la paroi de l’intestin, perturber le système immunitaire et d'induire des lésions précancéreuses chez le rat.
Couramment utilisé ans l'agroalimentaire pour ses propriétés de colorant blanc et d'opacifiant, l’E171 est présent dans des biscuits, confiseries, chewing-gums ou encore des plats préparés. Cette nanoparticule est aussi utilisée en cosmétique, dans des compléments alimentaires et dans les matériaux de construction.