Coup de théâtre dans l'affaire du Mediator. Dans un communiqué publié ce 19 mars, l'Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) annonce que les juges, en charge de l’instruction dans le dossier du Médiator, ont convoqué le directeur général de l’Ansm, le Pr Dominique Maraninchi, pour une comparution. Les juges envisagent même une mise en examen de l’Ansm, en la personne de son représentant légal, pour les chefs d’inculpations d’homicide involontaire et blessures involontaires, pour des fautes de négligence commises entre 1995 et 2009. Il serait ainsi reproché à l’Agence d’avoir contribué à créer la situation qui a engendré le dommage des victimes et de n’avoir pas pris les mesures permettant de l’éviter.
C'est en 2011, suite à la mise en causede l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pour son inertie dans l'affaire du Mediator, que Dominique Maraninchi remplaçait Jean Marimbert au poise directeur général. Et c'est en mai 2012, lorsque l'Ansm succède à l'Afssaps, qu'il en devient le premier directeur général. Et comme le rappelle le communiqué de l'Agence, depuis sa prise de fonction « l’Ansm a d’ores et déjà modifié en profondeur son organisation, ses priorités et ses méthodes en matière de surveillance et de ré-évaluation du rapport bénéfice / risque des produits de santé ».
Pour preuve, « le processus décisionnel de l’Ansm a été modifié de telle sorte que les procédures de suspension des produits de santé mis sur le marché puissent désormais être déclenchées rapidement "dans le doute" en toute indépendance et transparence, aux seuls bénéfices des patients et dans le souci permanent de protection de la santé publique », rappelle l'Agence.
Justement, le ministère de la Santé apporte son soutien à l'Ansm et à son directeur, en rappelant que l'arrivée du Pr Dominique Maraninchi était postérieure à cette affaire.
En février, les juges d'instruction chargés de cette enquête avaient déjà mis en examen deux anciens responsables de l'Afssaps, Jean-Michel Alexandre et Eric Abadie, respectivement pour "participation illégale d'un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée" et pour prise illégale d'intérêt.