Jeanne Calment serait-elle une anomalie ? La Française est décédée en 1997 à l’âge de 122 ans. Mais elle n’aurait jamais dû vivre jusqu’à cet âge avancé, d’après une étude néerlandaise des universités de Tilburg et de Rotterdam (Pays-Bas). Les chercheurs affirment en effet qu’un plafond de verre a été atteint, et que la doyenne de l’humanité est un cas à part.
La limite de longévité se situerait à 115,7 ans pour les femmes, et à 114,1 ans pour les hommes, d’après leurs estimations. Pour la période étudiée, entre 1986 et 2015, cet âge maximal n’a pas bougé.
Ces estimations sont issues de l’étude d’une cohorte de plus de 75 000 Néerlandais décédés à un âge supérieur à 94 ans, et cela, depuis 30 ans. Les chercheurs ont appliqué un algorithme statistique conçu pour l’analyse des franges extrêmes des séries statistiques. Des cas, par définition, rares. Les mêmes outils sont, par exemple, utilisés pour estimer les pertes lors d’une catastrophe naturelle.
120 ans à la limite, mais pas plus
Ces analyses sont donc des estimations, et laissent la place à une marge d’erreur. « Les valeurs réelles peuvent dévier à la hausse, jusqu’à un peu plus de 120 ans », précisent dans un communiqué les statisticiens responsables de cette étude.
Cette marge explique donc les quelque 18 femmes et 4 hommes dont l’âge a dépassé le plafond de verre. Mais Jeanne Calment, la doyenne de l’humanité, est toujours hors statistiques !
Plateau atteint en 1997
Ce travail sera publié prochainement dans une revue scientifique, un an après une grande analyse publiée dans Nature. Elle précisait que le record de 122 ans, 5 mois et 14 jours ne serait jamais dépassé, voire même à nouveau atteint, après l’analyse des données démographiques des centenaires dans 4 pays (États-Unis, France, Japon et Grande-Bretagne).
Alors que la proportion des supercentenaires a rapidement augmenté entre les années 1970 et 1990, elle a atteint un plateau en 1997, année au cours de laquelle Jeanne Calment s’est éteinte. Depuis, aucun centenaire à travers le monde n’a égalé son record.
Les progrès se feront ailleurs
« Les progrès futurs contre les pathologies infectieuses ou les maladies chroniques pourront booster l’espérance de vie, mais pas le pic de longévité, estimait alors le Dr Jan Vijg, auteur de l’étude. Et bien que de nombreuses percées thérapeutiques pourraient accroître la durée de vie au-delà des limites que nous avons calculées, de telles avancées devraient dépasser les variants génétiques qui déterminent notre espérance de vie. Peut-être que les ressources engagées pour prolonger l’espérance de vie devraient être investies pour améliorer les années de vie en bonne santé ».
D’après les chiffres de l’Insee de 2015, l’espérance de vie en France s’élève à 85 ans pour les femmes, et 79 ans pour les hommes. En 20 ans, elle a augmenté respectivement de plus de 3 et 5 ans. L’écart de longévité entre hommes et femmes se réduit depuis 1995. La France détient également le record d'Europe du nombre de centenaires.