La pollution de l’air a une influence sur le poids de naissance. Plusieurs études l’ont déjà montré. Mais peu de résultats concernent les particules fines, et leur influence sur le développement fœtal.
Une nouvelle étude menée par les universités écossaises d’Édimbourg et d’Aberdeen a identifié une association entre les deux. Les mères qui respirent un air pollué, en particulier aux particules fines, donnent naissance à des bébés dont les corps, et notamment les têtes, sont plus petits.
Grossesse et particules fines
L’étude a été menée dans le nord de l’Écosse, sur près de 14 000 grossesses entre 2002 et 2011. Les chercheurs ont compilé les caractéristiques physiques des fœtus – diamètre du crâne et de l’abdomen, et taille du fémur – grâce aux données recueillies lors des échographies des second et troisième trimestres réalisées chez les Écossaises enceintes.
Pour les mettre en relation avec la pollution de l’air, et d’éventuels pics, ils ont utilisé les relevés de concentration atmosphérique en particules fines PM10 et PM2.5, et en dioxyde d’azote sur la même période.
Mêmes effets que la cigarette
Et les résultats sont significatifs. Sur l’ensemble de l’échantillon, l’exposition à la pollution était clairement associée à une réduction du diamètre crânien, et cela, dès la fin du second trimestre de grossesse. Au maximum, cette réduction pouvait atteindre 2 mm. Or, la taille crânienne dépend principalement du développement du cerveau. Celui-ci pourrait donc être altéré.
Les chercheurs ont aussi mis en lumière un autre résultat significatif. Cette association entre pollution et développement du fœtus disparaît chez les enfants dont les mères sont fumeuses. Et, des études l’ont déjà montré, les femmes qui fument donnent naissance à des bébés avec de plus petites têtes.
Sans doute pire à Paris
Ces deux résultats confirment le rôle de l’environnement atmosphérique sur le développement fœtal, mais également que les concentrations importantes en particules fines peuvent avoir un impact similaire à celui du tabagisme.
Et encore, l’étude a été menée dans le nord de l’Écosse, qui n’est pas la région du monde où la pollution est la plus importante ! La concentration en PM2.5 s’élevait en moyenne à 7,2 microgrammes par mètre cube d'air (µg/m3), avec un pic enregistré à 11 µg/m3. En comparaison, l’OMS recommande 10 µg/m3, et l’Union européenne n’a fixé la limite qu’à 20 µg/m3.
À Paris, lors des pics de pollution, elle peut dépasser les 100 ug/m3 ! Ce vendredi midi, elle dépassait les 25 µg/m3 autour des grands axes automobiles, alors que, dans l’ensemble, la qualité de l’air est bonne, d’après les données d’Airparif.
Face à ces données inquiétantes, les chercheurs écossais appellent les agences de santé à réagir plus fermement sur les niveaux de pollution acceptés. Car les normes actuelles ne permettent pas d’éviter un impact sur les fœtus.