L’attention se porte souvent sur les femmes, que l’on dit de plus en plus âgées lorsqu’elles entament une grossesse. Mais cela est aussi vrai des hommes.
Une étude publiée dans la revue Human Reproduction suggère que l’âge paternel ne cesse d’augmenter depuis ces dernières décennies. Menés aux Etats-Unis, les travaux montrent ainsi que les hommes ont en moyenne trois ans et demi de plus qu’il y a 40 ans lorsqu’ils deviennent pères.
Ainsi, l’âge moyen des pères est passé de 27,4 ans en 1974 à 30,9 ans en 2015. Sur cette même période, le pourcentage de père de plus de 40 ans lors de la naissance de leur enfant a plus que doublé (de 4,1 % à 8,9 %), tandis que celui de plus de 50 ans est passé de 0,5 % à 0,9 %. Les données prennent en compte l’ensemble des naissances aux Etats-Unis entre 1972 et 2015, soit 169 millions de bébés.
Le diplôme retarde la naissance
A des degrés variés, cet accroissement de l’âge paternel se retrouve quelque soit le milieu social, le groupe ethnique ou le lieu de résidence. C’est parmi les Américains d’origine vietnamienne ou japonaise que l’on trouve les « plus vieux » pères – ils sont âgés, en moyenne, de 36 ans au moment de la naissance de leur enfant. Par ailleurs, plus les pères ont un niveau d’éducation élevé, plus ils ont tendance à être âgés lorsqu’ils enfantent. Ainsi, les hommes diplômés d’une licence ont en moyenne 33,3 ans au moment de la naissance.
D’un point de vue de la stricte fertilité, cela semble sans conséquence : la fenêtre de reproduction est plus large chez l’homme que chez la femme. D’ailleurs, dans l’étude, le père le plus âgé avait 88 ans (et le plus jeune, 11 ans).
Mais pour la santé des enfants, l’accroissement de l’âge paternel pourrait avoir des implications en termes d’épidémiologie. En effet, chaque année, les hommes subissent environ deux nouvelles mutations dans leur ADN spermatique (sur plusieurs millions de gènes).
Légers surrisques
Si l’impact de ces mutations génétiques n’est pas bien connu, certaines études suggèrent qu’avoir un père âgé augmente le risque d’autisme, de maladie mentale, de certains cancers pédiatriques et de maladies génétiques rares.
Les femmes qui ont un partenaire âgé ont aussi un léger surrisque de fausse couche et peuvent rencontrer plus de difficultés à être enceintes. Mais pas de panique : il s’agit ici de risques à l’échelle d’une population, et non d’un individu.
L’étude s’est également penchée sur l’âge des femmes et confirme qu’il augmente au moment de la naissance – plus encore que celui des hommes. L’âge maternel est ainsi passé de 24,7 ans en 1972 à 28,6 ans en 2015.
Si les hommes retardent leur paternité, c’est pour les mêmes raisons que les femmes, expliquent les chercheurs. A savoir : la disponibilité de la contraception, la diminution du nombre de grossesses non planifiées et l’intérêt des couples pour leur carrière professionnelle.