Chaque année, les violences perpétrées au sein des couples causent une centaine de décès. En 2016, ce chiffre est en hausse, d'après un rapport du Ministère de l'intérieur dévoilé ce vendredi. Selon ce rapport, 157 personnes sont décédées à la suite de violences conjugales, soit 9% de plus qu'en 2015 (144 victimes).
Sur les 157 décès, 123 sont des femmes. Ces dernières restent donc les principales victimes des violences conjugales. Parmi elles, 109 ont trouvé la mort à la suite de violences commises au sein de leur domicile, par leur mari, leur concubin ou encore leur ex. Les 14 autres ont été tuées par leur amant ou par un partenaire de courte durée.
L'étude démontre par ailleurs que parmi les 109 femmes tuées, au mois 30 d'entre elles étaient victimes de violences antérieures commises par leur mari ou leur conjoint "officiel". Le ministère indique que 37 % des conjoints incriminés étaient connus des services de police ou de gendarmerie.
Toujours selon le rapport, une femme décéderait tous les 3 jours sous les coups de son partenaire, tandis qu'un homme meurt tous les 11 jours pour les mêmes raisons. Les causes de ces meurtres varient selon les sexes. Chez les auteurs masculins de ces homicides, la séparation de celle-ci apparaît comme la principale cause. Les femmes en revanche tuent leur mari le plus souvent à la suite d'une dispute. Parmi les 28 femmes qui ont commis un meurtre, 17 d'entre elles étaient battues par leur partenaire.
Neuf enfants tués en même temps que leur mère
D'après des profils types dressés par les enquêteurs, les hommes qui commettent ces actes violents sont âgés entre 41 et 50 ans et n'exercent pas ou plus d'activité professionnelle. Ils tuent le plus souvent au domicile, sans préméditation, et avec une arme à feu. Idem pour les femmes, excepté qu'elles optent davantage pour l'arme blanche.
Le rapport souligne également la présence des enfants lors du passage à l'acte. Neuf d'entre eux ont succombé aux coups de leur père, en même temps que leur mère. Seize autres ont été témoins de scènes de violences, dont 8 ont appelé les secours.
« Ces drames s’inscrivent trop souvent dans un contexte de violences préexistant qu’il est nécessaire de repérer. (...) Il est également essentiel de protéger les enfants pour qu’ils ne soient pas témoins et ne reproduisent pas plus tard ce qu’ils ont vécu», ont déclaré dans un communiqué commun le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, et la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa.
Des séquelles 16 ans plus tard
Une vaste étude australienne publiée dans la revue Plos One en juin 2016 a démontré que des années après avoir été victimes de violences conjugales, les femmes souffrent encore de séquelles physiques et psychiques. Au vu de ces résultats, les auteurs insistent sur la nécessité de mettre en place des actions de prévention et d’éducation auprès des jeunes filles, notamment les plus vulnérables.
Des interventions d’autant plus importantes que ces jeunes femmes sont souvent des victimes silencieuses. Une étude française coordonnée par l'Observatoire régional des violences faites aux femmes du Centre Hubertine Auclert a, en effet, montré que les jeunes femmes de 18 à 25 ans victimes de violences sont moins repérées par les associations spécialisées.