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Préparation à l'hiver

Royaume-Uni : le NHS cherche 220 millions d'euros

Par Audrey Vaugrente

La crise financière du système public de santé se prolonge au Royaume-Uni. 350 millions de livres sont nécessaires pour faire face aux besoins prévus cet hiver.

Christopher Paul/Flickr

L’hiver vient. Cette expression, popularisée par la série télévisée Game of Thrones, a dépassé la fiction pour les hôpitaux britanniques. Cet avertissement révèle une triste réalité. Sans financements supplémentaires, le service de santé national (NHS) ne pourra pas répondre à la demande hivernale, toujours croissante.

200 à 350 millions de livres sont nécessaires pour faire face à la saison froide – soit 220 à 380 millions d’euros. S’ils ne sont pas rapidement fournis, l’hiver à venir pourrait bien être le pire depuis des années. L’organisme de gestion des établissements publics, NHS Providers, le prédit dans un rapport paru ce 3 septembre.

De la gestion de crise

La crise financière du NHS n’en finit pas de s’aggraver. En février déjà, l’Association des médecins britanniques (BMA) estimait que le service était à son point de rupture. Le gouvernement de Sa Majesté a bien promis, au printemps suivant, une rallonge d’un milliard de livres (920 millions d’euros). Mais ce soulagement n’est jamais arrivé, souligne le rapport de NHS Providers.

Sur le terrain, ces budgets insuffisants se traduisent par des effectifs tout aussi lacunaires. « Depuis août, nous manquons de 50 jeunes médecins dans nos rotations », explique dans un communiqué Nick Hulme, directeur exécutif de l’hôpital universitaire de Colchester – dépendant du NHS. Aux yeux de ce responsable, les réunions de gestion « ont plus consisté à éteindre les feux qu’à prévoir l’hiver. »

Pas assez de lits

Mais les faits sont là : l’hiver approche, sans tenir compte du manque de préparation des équipes. Et la situation actuelle est catastrophique. Selon les derniers chiffres communiqués par la BMA, le taux d’occupation des lits approche régulièrement des 95 % dans la plupart des établissements du NHS. Les autorités recommandent que le taux d’occupation des lits avoisine 85 %. Cela permet de faire face à une crise, si le besoin s’en fait ressentir.

Les millions de livres manquantes doivent être attribués dans l’immédiat, prévient NHS Providers dans son rapport. En effet, c’est en ce moment que la saison froide s’organise. Et les indicateurs sont au rouge. Outre le taux d’occupation des lits, les temps d’attente avant un rendez-vous ou une opération sont encore trop longs. De même, les sorties d’hospitalisation se font trop tardivement.

Une pression sans précédent

En s’appuyant sur les statistiques des dernières années, le NHS estime que la demande de soins augmente de 3 % par an, avec un pic au cours de l’hiver. Sans financements complémentaires, celui de 2017 pourrait bien faire basculer le fragile équilibre. Selon le rapport, les délais d’attente pourraient cette fois représenter un risque pour la santé des patients.

« L’hiver dernier, le système a été soumis à une pression sans précédent, rappelle Chris Hopson, directeur exécutif de NHS Providers. La sécurité du patient a été compromise. Le NHS a été submergé par moments, dans certains établissements. »

Des points positifs existent tout de même. Par rapport aux années précédentes, les hôpitaux se sont mieux préparés. Les financements publics ont également permis de réduire les délais dans les zones soumises aux plus fortes tensions. Il faudra malgré tout faire mieux cette année.