Un Français sur trois déclare des troubles du sommeil, et l’insomnie touche 16 % de la population, d’après une étude INSV/MGEN menée en 2015. Et elle ne concerne pas que les adultes. Les enfants sont entre 10 et 30 % à en souffrir également, d’après des statistiques québécoises.
Il pourrait y avoir un lien entre les deux. Une étude suisse de l’université de Bâle a montré que les enfants de mères souffrant d’insomnies sont plus susceptibles d’en souffrir à leur tour.
Plus court et de moins bonne qualité
Ce résultat, publié dans la revue Sleep medicine, a été obtenu grâce à l’observation du sommeil de 200 enfants en bonne santé générale, âgés de 7 à 12 ans. Les parents ont rempli des questionnaires sur la qualité du sommeil de leurs enfants, ainsi que sur le leur. Les données pour les enfants ont été renforcées par un électroencéphalogramme réalisé lors d’une nuit, pour chaque enfant.
Ces données ont montré que les enfants dont les mères souffrent d’insomnie ont plus de difficultés à s’endormir, se réveillent plus tôt, et dorment donc moins longtemps. Ils passent, en outre, plus de temps en état de sommeil léger que les autres.
Évaluer le contexte familial
« Ces résultats sont importants car le sommeil chez les enfants est essentiel pour le bien-être et le développement », explique le Dr Sakari Lemola, spécialiste en psychologie du développement à l’université de Warwick (Royaume-Uni), et l’un des auteurs de l’étude. Le développement cérébral et cognitif dépend en effet fortement de la qualité du sommeil durant l'enfance.
« Le sommeil des enfants doit être envisagé dans le contexte familial, poursuit-il. En particulier, le sommeil des mères paraît avoir un impact sur la manière dont dorment les enfants en âge d’aller à l’école. »
Trop d’attention sur le sommeil
Seul le sommeil des mères est concerné. Aucune association particulière n’a été identifiée avec le sommeil des pères. Si l’étude est observationnelle et ne permet pas de conclure quant aux raisons de cette corrélation, les chercheurs se risquent néanmoins à formuler des hypothèses d’explication.
La génétique pourrait jouer un rôle, soulignent-ils. Cet impact a déjà été suggéré par des études pour l’adulte. Mais l’association exclusive avec la mère semble montrer que d’autres mécanismes sont en action.
Les chercheurs ajoutent que les habitudes de sommeil sont inculquées par les parents, et souvent par les mères. Celles qui souffrent d’insomnies pourraient ainsi véhiculer de mauvaises habitudes. Elles pourraient également, par une surveillance et un contrôle trop appuyé du sommeil de leurs enfants, générer une attention trop poussée sur des détails qui, de manière contreproductive, nuiraient au bon développement du sommeil des enfants.
Enfin, ils évoquent les disputes du soir qui pourraient perturber le sommeil des mères, comme celui des enfants.