Les médicaments contre l’asthme joueraient un rôle protecteur contre la maladie de Parkinson Dans Science, des chercheurs de l’université de médecine Baylor et Harvard (Etats-Unis) ont montré que les patients asthmatiques traités avec des hautes doses de salbutamol ont un risque réduit de moitié de développer cette maladie neurodégénérative.
La maladie de Parkinson est provoquée par l’accumulation toxique d’une protéine appelée alpha-synucléine. Ces agrégats entraînent la mort des neurones dopaminergiques chargés de la motricité. Limiter la présence de cette protéine dans le cerveau est donc une piste de recherche sérieuse.
Jusqu’à maintenant, les scientifiques ont tenté de développer des molécules capables d’éliminer ces agrégats mais aucun médicament ne donne des résultats satisfaisants.
Les chercheurs américains ont donc opté pour une autre voie : bloquer la production de l’alpha-synucléine. Et pour ce faire, ils ont testé plus de 1 100 médicaments, vitamines, compléments alimentaires déjà présents sur le marché des neurones cultivés en laboratoire.
Une maladie rarissime
A l’issue de ces tests, 3 molécules sont sorties du lot. Parmi elles, le salbutamol est la molécule la plus prescrite. Les chercheurs ont alors pu étudier son effet chez les patients, et ce durant plusieurs années. Une analyse approfondie réalisée à partir des registres norvégiens présentant les prescriptions de plus de 4,6 millions de personnes sur plus d’une décennie.
Première constatation : la maladie de Parkinson est rarissime. A peine 0,1 % des patients traités avec du salbutamol ont développé cette maladie neurodégénérative. L’incidence est de 0,04 % chez les patients ayant pris du salbutamol. Par comparaison, environ 1 % des personnes de plus de 65 ans développent cette pathologie en France.
Après avoir pris en compte le niveau d’éducation et l’âge, les chercheurs ont observé que les Norvégiens traités avec cet antiasthmatique au moins une fois dans leur vie ont un risque de développer la maladie de Parkinson réduit d’un tiers. Ils ajoutent que la protection conférée par ce médicament est associée à la dose : plus elle est importante, moins les patients ont de risque de souffrir de cette maladie. Ainsi, les plus hautes doses réduisent le risque de 50 %.
Se méfier des anti-hypertenseurs
Par ailleurs, les scientifiques ont noté qu’un médicament augmente considérablement le risque de souffrir de Parkinson. Il s’agit d’une molécule prescrite contre l’hypertension artérielle nommée le propranolol. Les patients recevant ce médicament seraient deux fois plus à risque que la population générale de développer Parkinson.
« Ces médicaments n’avaient jamais été étudiés dans le cadre de la maladie de Parkinson, soulève le Pr Trond Riise de l’université de Bergen (Norvége). Notre découverte pourrait ouvrir la voie à un nouveau traitement. Nous espérons que des essais cliniques pourront être menés. »
Prendre son temps avant les essais clinques
Mais avant les médecins devront comprendre les mécanismes sous-jacents car un mystère persiste : aucune de ces molécules n’est formulée pour passer la barrière hématoencéphalique. Ils ne savent toujours pas comment elles peuvent influencer l’accumulation de l’alpha-synucléine et la maintien en vie des neurones dopaminergique.
L’équipe prévoit donc de prendre son temps avant de lancer des essais cliniques chez l’homme afin que ces travaux ne se soldent pas en échec, à l’instar de nombreuses études menées pour Parkinson.