Une victoire pour les plaignants et les familles des victimes. Après six ans de bataille judicaire dans l’affaire du Mediator, les juges viennent de renvoyer le laboratoire Servier et l’Agence du médicament devant le tribunal correctionnel.
Selon France Inter, l’industriel devra répondre de « tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence ». L’agence sanitaire est poursuivie, elle, pour « blessures et homicides involontaires ».
Au total, précise l’AFP, ce sont 11 personnes morales et 14 personnes physiques qui, selon les termes du Dr Irène Frachon à l’origine des révélations, devront s’expliquer sur ce « crime industriel hors norme au terme d'une instruction exemplaire, constamment entravée par les manœuvres dilatoires des conseils de Servier ».
Le Mediator, c’est l’affaire d’un antidiabétique utilisé comme coupe-faim par 5 millions de personnes pendant 30 ans. Le 24 mai dernier, le Parquet avait estimé, rappelle l’Agence France-Presse, « que les laboratoires avaient mis en place une "stratégie" pour dissimuler son caractère anorexigène et n'avaient pas signalé les risques d'hypertension artérielle pulmonaire, une pathologie rare incurable, et ceux de graves lésions des valves cardiaques (valvulopathies) qui lui étaient imputables ».
Résultat, le nombre de décès imputables au médicament retiré du marché en 2009 oscillerait entre 1 520 et 2 100 morts, d’après les expertises judiciaires.
A l’annonce du procès, les laboratoires ont dénoncé une instruction « tronquée » qui aurait atténué la responsabilité des autorités administratives.
Les victimes et les familles des personnes décédées attendent justement que les responsabilités des différents protagonistes soient clairement établies. En janvier dernier, le procureur François Molins déplorait que durant les six années d'information judiciaire, trois ont été « exclusivement consacrées à la procédure à la suite de multiples demandes et recours faits par la défense des mis en cause ».
L’avocat de plusieurs plaignants espère, de son côté, que le procès se tiendra en 2018. Un procès hors norme puisque 4 129 parties civiles y seront représentées.