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Développement cognitif

Grossesse : l'usage du téléphone ne nuit pas à l’enfant

Par Antoine Costa

Aucun effet néfaste sur les fœtus n’est associé aux ondes électromagnétiques des téléphones. Leur utilisation pourrait même être bénéfique.

halfpoint/Epictura

Les études sur les risques pour la santé liés aux ondes électromagnétiques émanant des téléphones portables ne parviennent pas à conclure quant à un risque, pour les usagers standard. Le principe de précaution prévaut néanmoins, notamment chez les femmes enceintes qui évitent, le plus souvent, d’utiliser à outrance leur téléphone.

Mais une étude norvégienne publiée dans la revue BMC Public Health semble à nouveau montrer, spécifiquement pour les femmes enceintes, que l’utilisation du téléphone portable n’a aucun impact sur le développement neurologique de l’enfant.

Langage et communication préservés

Ce résultat rassurant a été obtenu en observant les données d’une cohorte de plus de 45 000 mères norvégiennes. À travers des questionnaires, elles ont fait état de leurs habitudes d’utilisation de leur téléphone portable, notamment pendant la grossesse. Ensuite, le développement neurologique de leurs enfants a été évalué à 3 et 5 ans.

« Cette étude observationnelle n’a pas montré d’effet délétère sur le langage, les capacités de communication ou sur le développement moteur des enfants en lien avec l’utilisation du téléphone pendant la grossesse », précise le Dr Eleni Papadopoulou, épidémiologiste à l’Institut norvégien de santé publique, et auteur principal de l’étude.

Les enfants de 3 ans plus développés

Un autre résultat est encore plus surprenant. Loin d’être délétère pour les fœtus, l’utilisation du téléphone portable pourrait, au contraire, leur être bénéfique ! Les chercheurs ont en effet remarqué qu’à l’âge de 3 ans, les enfants nés de mères qui utilisaient leur téléphone portable avaient souvent un avantage de développement.

Ils font par exemple des phrases plus complexes : ils ont 14 % de risque en moins de posséder une grammaire limitée, et 31 % de présenter un retard de langage. Du côté moteur, les résultats sont similaires. Les enfants de mères utilisant leur téléphone ont 18 % de risques en moins de présenter des aptitudes motrices faibles. Et ces résultats tiennent, même en prenant en compte les facteurs socio-économiques, la personnalité de la mère, ou des facteurs psychologiques.

Corrélation n’est pas causalité

« Notre étude montre pour la première fois que l’utilisation du téléphone mobile par les mères peut avoir un impact positif », souligne le Pr Jan Alexander, de l’Institut norvégien de santé publique, et co-auteur de l’étude, qui reste néanmoins prudent. « Nous pensons qu’il y a des chances que l’effet protecteur puisse être expliqué par d’autres facteurs – que l’étude n’a pas permis de mesurer – qui auraient un impact à la fois sur l’utilisation du téléphone portable, et sur le développement neurologique des enfants, et non pas par l’utilisation du téléphone en elle-même. » En d’autres termes, la corrélation entre les deux ne signifie pas que l’utilisation du téléphone préserve des retards cognitifs.

Mais, même si la prudence doit être de mise concernant ces effets positifs, les résultats de cette étude devraient rassurer les futures mères qui hésitent encore à exposer leur enfant, et qui se privent d’un outil du quotidien, dont il est parfois difficile de se passer.