Malgré les efforts et les combats, hommes et femmes ne sont toujours pas égaux. Surtout quand cela concerne leur santé. Un groupe de travail dédié le rappelle dans une revue de la littérature consacrée à l’AVC.
Le sexe féminin est clairement désavantagé face à cette pathologie. Le phénomène est connu mais reste largement ignoré des travaux de recherche, déplorent les auteurs dans Nature Reviews Neurology.
Les chiffres ont pourtant de quoi alarmer. L’accident vasculaire cérébral est la première cause de mortalité chez les femmes dans le monde. Rien qu’en France, plus de 15 000 femmes décèdent chaque année des suites de cet incident. Car les études le répètent régulièrement : le beau sexe est défavorisé dans ce domaine.
Diabète et hypertension
Alors, comment améliorer la prévention ? C’est la question que s’est posé le groupe de travail à l’origine de cette publication. Ses membres ont réalisé un état des lieux de la prise en charge de l’AVC féminin dans le monde. Et le bilan n’est pas reluisant. Les facteurs de risque de l’attaque cérébrale sont bien connus. Parmi eux, le diabète ou encore l’hypertension.
Premier hic : ces affections ont tendance à moins toucher les hommes. Mais le déséquilibre ne s’arrête pas là. Ce qu’on sait moins, c’est que ces pathologies ont un poids bien plus important au sein de la population féminine. En présence d’une fibrillation atriale, par exemple, le risque de faire un AVC est doublé chez les femmes.
A ces facteurs de risque globaux s’ajoutent ceux inhérents à la condition féminine. Le groupe de travail distingue trois périodes clés. L’âge reproductif est souvent associé à la prise d’une contraception hormonale, qui augmente légèrement le risque d’incident thrombotique.
La recherche à la traîne
Au cours de la grossesse, la présence d’une hypertension artérielle gravidique favorise la survenue d’un incident de ce type. 25 à 34 cas d’AVC sont dénombrés pour 100 000 naissances. La période du post-partum est elle aussi à haut risque. Enfin, avec la baisse des œstrogènes, la ménopause marque la fin de la protection hormonale dont bénéficient les femmes.
En dépit de ces connaissances concrètes, la recherche médicale est à la traîne. Cela vaut particulièrement pour les études évaluant des médicaments. « A l’ère de la médecine basée sur les faits, les femmes sont sous-représentées dans les essais cliniques (…), ce qui se traduit pas une moindre possibilité de généraliser les résultats à ces dernières », déplorent les auteurs de cette revue.
Les travaux visant à tester des anticoagulants oraux, par exemple, incluent moins de 40 % de femmes. Celles-ci représentent pourtant la moitié de la population mondiale. Cet « oubli » réduit considérablement les chances de survie. D’abord, parce qu’être de sexe féminin augmente le risque d’embolie, ensuite, parce que les femmes meurent plus de cette pathologie.
Vers la médecine de précision
Dernier écueil de taille : l’accès aux soins. Tant sur le plan du délai de prise en charge et des traitements, le sexe féminin n’a pas les mêmes chances que les hommes. Plusieurs explications socio-culturelles sont apportées à cela. Malgré une bonne connaissance des symptômes, les femmes n’ont pas le réflexe de se rapprocher d’un professionnel de santé.
Ce retard dans l’accès aux établissements de santé entraîne une réaction en chaîne. L’AVC étant à un stade plus avancé, les options thérapeutiques se restreignent, et perdent en efficacité. Ainsi, en Allemagne, l’accès aux traitements anti-thrombotiques est réduit.
Aux yeux du groupe de travail, plusieurs éléments doivent s’améliorer dans le monde. D’abord, les facteurs de risque spécifiques aux femmes ont besoin d’être mieux contrôlés, afin de pallier le retard dans le recours aux soins. Ensuite, les recommandations de prévention émises ont tout intérêt à être ciblées en fonction du sexe, tout comme les campagnes publiques. En somme, la prévention de l’AVC a tout à gagner en se tournant vers la médecine de précision.