La dépression post-partum, qui intervient chez les mères quelques semaines après l’accouchement, et peut durer des mois, voire un ou deux ans, est bien décrite. Mais parfois, les hommes sont, eux aussi, soumis à des dérèglements hormonaux, qui peuvent affecter leur humeur.
Des chercheurs de l’université de Californie du Sud (USC, États-Unis) ont montré que ces fluctuations pouvaient impacter leur humeur, mais aussi celle de leur partenaire. Et, malheureusement, les deux ne sont pas bonnes au même moment.
Les pères déprimés
Les chercheurs américains ont suivi 149 couples après une naissance, pendant environ deux ans. Ils les ont interrogés sur leur humeur et sur plusieurs indicateurs de dépression. En parallèle, grâce à des prélèvements salivaires, ils ont relevé les taux de testostérone des pères.
Ils ont observé qu’une chute de ce taux était corrélé à des symptômes dépressifs chez les hommes. « Nous pensons souvent que la maternité est dirigée au niveau biologique, car les mères ont des connexions hormonales particulières avec leurs bébés pendant la grossesse et l’allaitement, explique Darby Saxbe, psychologue à l’USC et auteur principal de l’étude. Mais nous oublions souvent de penser à la paternité dans les mêmes termes biologiques. »
Le malheur des uns
Pourtant, il semblerait que ces modifications hormonales aient un impact non négligeable sur les pères, mais aussi sur le reste de la famille. Lorsque leur taux de testostérone est en baisse, ils se sentent déprimés. Mais, à l’inverse, les mères présentent moins de symptômes. Elles sont également plus enclines à se déclarer satisfaites de leur couple. Le malheur des pères fait le bonheur des mères, visiblement !
« Cela pourrait s’expliquer par le fait que les hommes dont le niveau de testostérone est bas passent plus de temps à s’occuper de leurs enfants, ou que leur profil hormonal soit plus en harmonie avec celui des mères, tente d’expliquer Darby Saxbe. Et nous savons que pour les femmes, le soutien social atténue le risque de dépression postpartum. »
Un équilibre
La chute des niveaux de testostérone serait-elle une réaction naturelle bénéfique pour le couple et l’enfant ? Les chercheurs américains estiment, de toute façon, qu’il serait risqué de tenter de les réguler, car une supplémentation pourrait augmenter le stress de toute la famille.
Ils ont en effet observé que, chez certains hommes, la paternité provoquait une hausse de l’hormone. Et, pour le reste de la famille, cette hausse ne semble pas être bénéfique. Ils sont eux-mêmes plus stressés, et sont plus susceptibles d’agir de manière agressive envers leur partenaire, que ce soit émotionnellement, verbalement ou physiquement.
Mieux vaut donc maintenir un taux de testostérone bas. En matière de parentalité, les hommes se sacrifient moins que les femmes. Voilà enfin une occasion de le faire !