Le planning familial est centenaire. Aux Etats-Unis, il a soufflé ses cent bougies l’an dernier. Pour célébrer sa 101e année, c’est désormais le prestigieux prix Lasker qui est remis à cette institution. Souvent qualifié d’antichambre du prix Nobel, cette distinction salue des travaux de recherche fondamentale… mais aussi les avancées réalisées pour la santé publique.
Après avoir consacré Médecins Sans Frontières, la fondation Lasker met en avant le rôle majeur que joue Planned Parenthood dans la santé des Américains et d’autres populations. Car, non contente d’agir sur le sol des Etats-Unis, l’institution est aussi présente dans 12 autres pays d’Amérique latine et d’Afrique. Une action centenaire qui est à présent couronnée du prix Lasker-Bloomberg pour le bien public.
Des patients dans le besoin
Fondé en 1916 par Margaret Sanger, Planned Parenthood partage une longue histoire commune avec le couple Albert et Mary Lasker. En 1937 déjà, l’épouse de l’homme d’affaires – elle-même activiste dans le milieu de la santé – effectue une donation afin de soutenir l’activité des cliniques de santé sexuelle. Quelques années plus tard, le publicitaire propose le nom actuel de l’institution.
Depuis ces premiers pas, le planning familial américain a parcouru du chemin. Ce sont désormais 650 cliniques qui proposent des soins à plus de deux millions de citoyens. Contraception, suivi de la grossesse, examens de dépistage… Le champ d’action est large. Et nécessaire.
« Nous sommes sans doute le seul prestataire de soins pour des millions de nos patients », explique Cecile Richards, présidente de Planned Parenthood, dans une vidéo tournée pour l’occasion. De fait, trois quarts de la patientèle des cliniques sont composés de foyers aux revenus faibles.
Une période tourmentée
Cette récompense intervient à un moment clé pour le planning familial. Son fonctionnement est mis à mal depuis l’entrée à la Maison Blanche de Donald Trump. L’actuel président des Etats-Unis a signé un décret interdisant le financement d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement.
Et le milliardaire ne s’est pas arrêté là. Dans sa proposition de budget pour 2018, il suggère de couper les fonds à cette institution. En guise de négociation, le président a soumis une alternative : Planned Parenthood pouvait prétendre aux subventions… s’il arrêtait de pratiquer des IVG.
Un refus catégorique a été opposé à cette position. La philosophie de l’organisation ne laisse guère de doute sur le sujet. « Nous pensons que si les femmes ont une autonomie complète sur le plan reproductif, et si elles peuvent prendre les décisions les plus appropriées sur leur grossesse, elles pourront s’épanouir totalement », résume Cecile Richards.
Il faudra sans doute batailler pour mener à bien cet idéal. La récompense aidera à gagner un premier combat financier. Le prix s’accompagne, en effet, d’un chèque de 250 000 dollars (209 000 euros).
Un vaccin et une molécule primés
Le prix Lasker-Bloomberg pour le bien public n’est pas la récompense la plus connue de la fondation Lasker. Ses deux autres prix, saluant la recherche médicale, le sont davantage. Il faut dire que, parmi les lauréats, 87 ont par la suite reçu le Nobel de Physique ou de Médecine.
En cette année 2017, deux équipes sont récompensées par les prix pour la recherche médicale fondamentale et pour la recherche médicale clinique. Dans le premier cas, les travaux de Michael Hall ont été primés.
Installé en Suisse, le chercheur a découvert la molécule TOR, impliquée dans la croissance cellulaire. Le « cerveau de la cellule », selon les mots du scientifique. Depuis sa mise au jour, en 1991, le rôle de TOR a été impliqué dans le vieillissement, le développement cérébral, mais aussi le cancer ou encore le diabète.
L’autre équipe primée pour ses recherches officie à l’Institut national du Cancer aux Etats-Unis. Douglas Lowy et John Schiller sont à l’origine du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV), capable de protéger contre les souches oncogènes et de réduire considérablement le risque de cancer. Une découverte réalisée dans le cadre de recherches sur le rôle du HPV dans les cancers. Les deux scientifiques ont, en effet, défini comment assembler les protéines du virus afin de déclencher une réponse immunitaire protectrice.