Décidément, l’élargissement de l’obligation vaccinale a du mal à passer. Les contestations se multiplient depuis l’annonce faite par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, début juillet. Le 9 septembre, le mouvement Ensemble pour une vaccination libre a même prévu une manifestation contre une telle mesure.
Parmi les porte-voix de cette critique, la députée européenne Michèle Rivasi se montre très active. « Je ne suis pas contre la vaccination, en cas d’épidémie, il faut vacciner. Mais pourquoi vouloir passer en force… », interroge-t-elle sur Twitter. Un avis partagé par de nombreuses personnes exprimant des doutes sur l’intérêt de vacciner.
« Je ne suis pas contre la vaccination, en cas d’épidémie il faut vacciner. Mais pourquoi vouloir passer en force... https://t.co/HjGeXHUkEb
— Michèle Rivasi (@MicheleRivasi) 5 septembre 2017
Vers l’éradication de la polio
Mais la députée écologiste oublie un élément : c’est justement pour prévenir des épidémies que l’on immunise largement la population. L’évolution récente le confirme. Dans de nombreux pays, la baisse de la couverture vaccinale a entraîné la résurgence de pathologies infectieuses. Des épidémies de rougeole ont éclaté en Italie et en Roumanie ; d’autres Etats européens ont dû combattre des flambées locales.
La situation des Etats-Unis n’est guère plus enviable ; alors que le pays avait éradiqué la rougeole de son territoire, la maladie fait son retour par épidémies successives, sur fond de remise en cause. Quant à la diphtérie et au tétanos, qui avaient pratiquement disparu de l’Europe, ils ont récemment tué des enfants non vaccinés.
La vaccination a pourtant fait ses preuves. C’est notamment grâce à elle que la variole a été éradiquée de l’ensemble de la planète. Et le monde est en bonne voie pour connaître le même succès contre la poliomyélite. Celle-ci a régressé de manière spectaculaire, avec seulement 37 cas notifiés en 2016. Désormais, le virus n’est endémique que dans trois pays : Pakistan, Nigéria et Afghanistan.
Source : Santé publique France
Des millions de vies sauvées
Selon l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), 2 à 3 millions de vies ont été sauvées chaque année grâce aux différents produits injectés. 1,5 million de décès supplémentaires pourraient être évités en améliorant la couverture vaccinale.
Il faut dire que la mortalité associée à certaines maladies pouvant être prévenues par la vaccination peut s’avérer très élevée. Le tétanos, par exemple, est provoqué par une bactérie omniprésente dans l’environnement. L’infection est associée à une mortalité de 30 %.
Tourner son regard vers le passé livre à ce sujet des réponses instructives sur l’impact du geste vaccinal. Avant 1950, la France dénombrait chaque année environ 30 cas de tétanos par million d’habitants. A présent, une vingtaine de cas se déclarent annuellement dans l’ensemble de la population. La majorité d’entre eux pourraient être évités grâce aux rappels effectués à l’âge adulte.
Source : Santé publique France
Des maladies très contagieuses
La même dynamique s’observe avec la rougeole, qui bénéficie d’un vaccin combiné contre la rubéole et les oreillons. Grâce à une forte couverture vaccinale, le nombre de cas a chuté dans ces trois pathologies. Un léger recul de la protection s’est produit peu avant 2011, s’établissant à 67 % pour les bébés de 24 mois.
Les conséquences n’ont guère attendu : une épidémie de rougeole a éclaté – sans atteindre les seuils précédant l’arrivée du vaccin. Ce n’est, justement, qu’au prix d’une vaccination intensive que les autorités sont parvenues à réduire les contaminations. Rubéole et oreillons, moins contagieux que la très active rougeole, restent à des niveaux bas.
Source : Santé publique France
Un effet rapide
Un exemple illustre particulièrement bien l’intérêt d’atteindre une couverture vaccinale la plus large possible. En 1992, près de 35 infections à Haemophilus influenzae de type B ont été enregistrées chez des enfants de moins d’un an.
L’année suivante, immédiatement après le début de la vaccination, ce nombre chute à moins de 15 cas. Or, les principales complications d’une infection sont les méningites, les épiglottites, les septicémies et les pneumonies. Le nombre annuel des premières a été divisé par dix.
Source : Santé publique France
Atteindre une couverture suffisante semble donc essentiel, surtout au vu du taux élevé de complications associé à ces pathologies. Reste à savoir si, d’ici le 1er janvier 2018, les laboratoires fabriquant les vaccins concernés pourront adapter leur rythme de production pour répondre à la demande.