Il avait 86 ans et une vie bien remplie. Pierre Bergé est décédé ce vendredi à 5h39, à son domicile à Saint-Rémy-de-Provence (Provence-Alpes-Côte d'Azur), des suites de sa longue maladie, la myopathie. L’homme d’affaires dirigeait depuis 40 ans la maison de couture Yves Saint Laurent, qu’il avait cofondée avec celui qui partageât sa vie pendant de nombreuses années. Il était également président du conseil de surveillance du groupe Le Monde depuis 2010.
Pierre Bergé était un militant engagé dans la cause gay et la lutte contre le VIH. Avec Line Renaud, il a créé en 1994 l’association Ensemble contre le sida, devenue Sidaction. A l’époque, il s’agissait de l’une des associations les plus actives dans la lutte contre la maladie en Europe.
"Une lutte politique"
Pierre Bergé a détenu pendant des années le magazine homosexuel Têtu. Il a également soutenu l’association Act Up et s’est engagé aux côtés de SOS-Racisme. Lors du débat sur le mariage pour tous, il a fustigé les manifestants de La Manif pour tous et affiché son soutien à la loi Taubira. Plus récemment, il a produit le film 120 battements par minute, qui retrace la lutte des militants d’Act Up.
« Infatigable combattant de la première heure, il a, inlassablement, toujours rappelé, martelé, que la lutte contre le sida était une lutte éminemment politique, écrit Sidaction dans un communiqué. Inflexible, il a toujours défendu la liberté de s’aimer tel que l’on est, et a défendu les droits des minorités, des personnes homosexuelles, des travailleuses du sexe, des usagers de drogue et de toutes les personnes vivant avec le VIH. Il ne cessait non plus de s’engager pour l’Afrique, parlant sans relâche des combats menés par l’association dans de nombreux pays, au Burundi notamment. Sidaction aura à cœur de mener ce combat ».
L’homme s’est illustré par la force de son fervent combat en faveur de l’égalité des droits des homosexuels et contre le sida. Au risque, parfois, de dépasser certaines lignes : il avait tenu des propos controversés sur le Téléthon, qu’il accusait de « vampirisme », de « démagogie » et de « détournement de générosité publique ».
Pierre Bergé a également marqué les esprits par son engagement politique aux côtés de François Mitterrand, qu’il a fervemment soutenu. En 2007, il joue un rôle actif dans la campagne de Ségolène Royal, et milite pour Bertrand Delanoë aux élections municipales parisiennes de 2001 et 2008. En 2017, il affiche son soutien à Emmanuel Macron.
Investi dans les médias, Pierre Bergé a fondé Courrier international et Globe. Il était également actionnaire de Pink TV et du Monde depuis 2010, aux côtés de Matthieu Pigasse et Xavier Niel.
Mécène, il disparaît quelques semaines avant l’inauguration de deux musées dédiés à l’œuvre de son ancien compagnon Yves Saint Laurent – l’un à Paris et l’autre à Marrakech.