Traiter un cancer, cela coûte cher. Les Français s’accordent à le dire. Mais cette certitude cache une méconnaissance profonde du prix réel de cette maladie. D’après le dernier Observatoire cancer de l’Institut Curie (1), seule une minorité de la population est réellement consciente des dépenses qu’occasionne un cancer.
En France, 3 millions de personnes vivent avec une tumeur maligne. Chaque année, plus de 380 000 cas sont diagnostiqués. Une part non négligeable de la population est donc concernée, surtout si l’on inclut les proches.
Des Français dans l’erreur
Les Français ont beau être concernés, ils ont du mal à évaluer le coût de la prise en charge de cette maladie. Seul un quart d’entre eux cite la bonne fourchette concernant le prix d’une chimiothérapie : 5 200 à 31 200 euros, selon la molécule utilisée. La même proportion pense qu’un tel traitement représente moins de 500 euros par patient.
Et l’ignorance ne s’arrête pas là. Interrogés sur le prix des essais cliniques ou d’une journée d’hospitalisation en cancérologie, les sondés sont là encore dans l’erreur. Ils les sous-estiment dans la majorité des cas.
Source : Institut Curie
Un coût croissant
Le bilan n’est pas tellement plus reluisant quand on s’intéresse à la connaissance des traitements innovants, comme les immunothérapies. Les deux tiers des sondés ne parviennent pas à estimer correctement leur coût.
Une cure d’immunothérapie nécessite une dépense comprise entre 80 000 et 116 000 euros. Seuls 3 % des Français interrogés le savent. Ce n’est pas faute d’une couverture médiatique suffisante. Régulièrement, associations de patients et sociétés savantes s’insurgent contre la facture exorbitante qu’occasionnent ces nouvelles molécules.
Source : Institut Curie
« Les médicaments du cancer, qui coûtaient 3 milliards d’euros (sur les 16,5 milliards dépensés par l’Assurance maladie), augmentent globalement d’un milliard tous les ans », explique le Pr Thierry Philip, président de l’Institut Curie. Un rythme effréné qui pourrait bien faire perdre à l’Assurance maladie un équilibre délicat.
Des causes partagées
Les participants à ce sondage sont tout de même de bonne volonté. 90 % d’entre eux soutiennent activement le modèle de protection sociale actuel. La naïveté ne domine pas pour autant. Pour 42 % des Français, il n’est pas possible de tenir le rythme actuel. Tout le monde ne pourra pas accéder aux immunothérapies, jugent-ils.
Les causes sont partagées entre divers facteurs, et les sondés ne jouent pas la carte de l’angélisme. 75 % d’entre eux estiment que le coût trop élevé des traitements innovants est un frein. Mais ils mettent aussi en cause les inégalités territoriales. Pour la moitié des personnes interrogées, les disparités dans l’accès aux structures adaptées posent problème.
(1) Observatoire cancer de l’Institut Curie réalisé avec Viavoice auprès de 1 001 personnes âgées de plus de 18 ans, représentatives de la population française et interrogées sur Internet.