N’avez-vous jamais eu l’impression, au détour d’une recherche internet, d’avoir une maladie grave et incurable, finalement tout à fait fictive ? Si c’est le cas, vous n’êtes pas seul(e). Une personne sur cinq souffrirait de troubles hypocondriaques. Et cette pathologie serait exacerbée par la recherche de symptômes en ligne, qui mène à ce que les médecins appellent « cyberchondrie ».
Cette anxiété mène souvent à des consultations, et même jusqu’à des interventions chirurgicales, qui s’avèrent inutiles. Elles représenteraient un surcoût de plus de 60 millions d’euros pour le système de santé britannique, d’après une estimation de Peter Tyrer, professeur de psychiatrie à l’Imperial College de Londres. Un chiffre qu’il a estimé en se basant sur les résultats d’une étude danoise datant de 2010.
Mais il est convaincu qu’il est possible de réduire ces coûts grâce à des thérapies cognitivo-comportementales (TCC).
Docteur Google inquiète
« Les patients qui souffrent de troubles hypocondriaques importants se soucient de manière excessive de leurs problèmes de santé, mais la plupart d’entre eux ne parviennent pas à identifier leur cause sous-jacente, explique le psychiatre. La pathologie est souvent déclenchée par la combinaison d’un événement et d’une vulnérabilité particulière, renforcée par la médiatisation d’une maladie. »
Internet joue aussi un rôle important. « Docteur Google est une vraie mine d'informations, mais il ne remet pas les choses dans leurs proportions, ajoute-t-il. Lorsqu’ils consultent leur médecin généraliste, les patients arrivent avec une liste de quatre pages de possibles maladies qu’ils ont trouvées sur internet. »
En face, les médecins, peu conscients du problème ou simplement agacés, ne font pas toujours l’effort d’évaluer les causes psychologiques de cette anxiété. Seule une personne sur dix qui en souffre serait prise en charge.
Thérapie simple et efficace
Pourtant, ce syndrome pourrait être soigné. Une étude dirigée par le Pr Tyrer, et publiée dans le journal du NIHS britannique montre l’efficacité des TCC. Elle a été menée sur 444 patients souffrant de troubles hypocondriaques à différents niveaux de sévérité. Ils ont suivi en moyenne six séances d’une heure.
Au bout d’un an, l’hypocondrie des personnes les plus atteintes avait diminué, de « sévère » à « modérée », rapportent les chercheurs, avec des symptômes anxieux et dépressifs en baisse, notamment chez les patients craignant des problèmes cardiaques. Quatre ans plus tard, les effets de la thérapie étaient encore présents.
Ces thérapies sont simples à mettre en œuvre. « La TCC permet aux thérapeutes sans expérience de se former facilement, estime le Pr Tyrer. Elle a le potentiel pour être largement utilisée dans un cadre hospitalier. »